Les témoignages

La littérature de jeunesse selon Michel Desmurget

Michel Desmurget
Directeur de recherches à l’INSERM, auteur de « Faites-les lire ! » (Seuil)

En quoi la littérature pour petits n’est pas une petite littérature ? 

 

M. D. : C'est la plus grande de toutes les littératures, si j'ose dire. C'est elle qui va poser les fondations pour développer un certain nombre de compétences langagières, de compétences en vocabulaire, en syntaxe, etc. Si l’enfant ne passe pas par là, on ne pourra pas lui filer le virus et l'amour du livre. C'est très compliqué d'écrire pour les enfants, bien qu’écrire pour un adulte ne soit pas simple, il faut choisir l'histoire, la motivation, il ne faut pas que ce soit trop compliqué, mais il ne faut pas que ce soit trop simple non plus et il faut que ce soit hyper riche pour l'imaginaire. Je suis fils de libraire et je suis admiratif de cette littérature-là qui est, pour moi, la plus importante parce que sans elle, il n'y a pas le reste. Ça ne veut pas dire que la littérature pour les adultes n’est pas géniale, extraordinaire parfois. Mais j'entends souvent que les auteurs jeunesse sont des auteurs manqués de romans adultes et je trouve ça d'une telle bêtise !  Que ce soit Dahl ou Ponti… c'est extraordinaire ce qu’ils créent !  Non seulement ce n’est pas une petite littérature, mais c'est la plus grande de toutes, au sens où elle prépare toutes les autres.

 

Quel personnage de littérature jeunesse vous a marqué ?

 

M. D. : C'est une question impossible. J'ai lu énormément avec ma fille, on adorait ça et je ne peux pas en choisir qu’un. J'aurais l'impression de trahir tous les autres. Et ce qui est génial dans cette littérature jeunesse dont on vient de dire qu'elle n'était pas petite, c'est la grandeur de ces personnages et leur diversité. J'ai adoré Jojo Lapin, j'ai adoré La petite poule, j'ai adoré Le Loup, j'ai adoré les personnages de contes, j'ai adoré Matilda, j'ai adoré les poussins de Ponti, j’ai adoré Maîtresse Charlotte, j’ai adoré Harry Potter, j’ai adoré Charlie et la Chocolaterie, j’ai adoré Sacrées Sorcières c'est extraordinaire ! Ce sont tous ces personnages différents, je crois, qui forgent  les enfants, leur imaginaire. Quelquefois vous avez le loup sympathique et d’autres celui des contes, Il est possible grâce à la littérature jeunesse d’avoir toute cette richesse dans un même personnage. La diversité de tous ces personnages font de cette littérature un bonheur. 

Pour en savoir plus sur le colloque « Faisons-les lire », retrouvez le replay en cliquant ici ! 

 

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