Depuis quelques albums, on dirait que le dessin de Beatrice Alemagna change. Elle explore une palette plus sombre, les noirs, les gris, et comme en opposition, l’orange, les couleurs, les lumières. C’est encore le cas dans son dernier livre, l’histoire d’un petit garçon qui s’apprête à passer des vacances bien tristes, seul avec sa mère dans une maison au cœur de la forêt. Heureusement il y a la console de jeu vidéo où l’on peut tuer des martiens pendant des heures. Mais face à « tout l’ennui du monde », il y a le dehors. La pluie, la boue, l’étang. Et tant pis si le jeu électronique se noie tout à coup dans l’eau glacée : la vie est un jeu bien plus intéressant. Ce qui est très beau ici, c’est que ce moment précis de l’enfance (l’ennui, la découverte du monde extérieur, la nature qui s’offre) soit raconté par cet enfant, avec ses mots à lui, justes, musicaux : « Pour la première fois, on écoutait le même silence ». Très bel album, sensible, sur ce « magique, incroyable, jour de rien ».