La première fois que Cyrus croise Romane, il est en équilibre sur un vélo avant de s'affaler sur le trottoir. Cyrus a 10 ans, des Pogs plein les poches, les filles c'est des cloches. Sauf que Romane sourit et le cœur de Cyrus bascule. Irrémédiablement.
Juillet 2000, Romane et Cyrus ont 16 ans. Dans le lotissement où ils ont grandi l'un en face de l'autre, Britney Spears chante (You Drive Me) Crazy à la radio et l'été s'installe nonchalamment. Cyrus trompe l'ennui avec ses copains Mehdi, Antonin et Chloé, entre virées en scooter et jeux d'arcade. Romane sillonne, en mini-short et roller, le lotissement avec Lola, une fille-papillon qui aimante les regards. Cyrus n'a d'yeux que pour Romane, contracte ses abdos espérant attirer son regard, l'espionne. Romane, elle, rêve de fuir, de s'inventer un ailleurs : pour elle, Cyrus, c'est l'enfance, la maison d'en face, le lotissement sans horizon. C'est l'été et dans cette petite ville du Val-de-Marne, quand on n'a pas les moyens de partir en vacances, on se morfond entre sorties au centre commercial et balades au lac. On joue à Tomb Raider, on lit Jeune & Jolie allongé dans l'herbe grillée. L'été s'étire mollement jusqu'au jour où débarque Gabriel Orsini, le beau gosse des quartiers chics, un sourire et une gueule à torpiller l'ennui. Des corps et des cœurs adolescents qui se croisent, s'attirent, se cognent dans la moiteur d'un été, pris dans la tourmente des premiers émois. Mais également des premières désillusions, des petites ou des grandes trahisons, des amours contrariées et des grandes décisions. Deux mois d'été où tout se cristallise pour le meilleur et pour le pire. Une ambiance qui oscille entre L'Effrontée de Claude Miller, Virgin Suicides de Sofia Coppola et L'Été circulaire de Marion Brunet. Élodie Chan décrit avec une acuité percutante ce point de rupture entre l'adolescence et l'âge adulte. Une histoire d'amour brûlante et magnétique portée par une écriture envoûtante, singulière poétique et incisive. Un roman juste sublime.