C’est un roman fascinant, puissant, ardent, avec des personnages denses, troublants. Une histoire étrange, entre rêve et réalité. La scène d’ouverture est glaçante : Milly trouve un rutilant revolver. Elle va se battre pour découvrir l’assassin de son frère. Sa famille, d’origine bosniaque, vit dans cette Amérique des déclassés post-attentats du 11 septembre, où règne la peur de l’étranger. Milly, avec sa rage de vivre, qui refuse de rentrer dans le monde adulte, préfére dévaler et arpenter la campagne, est confrontée à cette brutalité du monde qui l’entoure, à cette cruauté enfantine et adulte à laquelle elle est constamment ramenée : le traumatisme du conflit bosniaque vécu par son oncle, la disparition du père, la mère qui se mure dans le silence, la romancière mourante. Milly a cette fraîcheur de l’enfance, cette capacité à transformer la noirceur en une beauté lumineuse, en dialoguant avec la nature.