Susin Nielsen nous avait fait hurler de rire avec des romans comme Dear George Clooney, tu veux pas épouser ma mère ? (2011) et Moi, Ambrose, roi du Scrabble (2012). Avec ce nouveau roman consacré à un sujet difficile, elle nous bouleverse par sa tendresse et son humour.
Henry a 12 ans et, sans l’avouer à son psy, il se lance dans la rédaction d’un journal intime. Il vient tout juste d’emménager avec son père à Vancouver dans un appartement plutôt miteux, au voisinage un peu douteux. Très vite, nous pressentons qu’il y a un avant et un après « ÇA », on devine qu’un événement a bouleversé toute la famille. La mère préfère rester éloignée et, quand Henry parle de son frère, c’est avec rage et tristesse. Anéantis, le père et le fils tentent malgré tout de reprendre une vie normale, une vie jalonnée de rendez-vous chez le psy, de pizzas, de chips et de matchs de catch, un peu comme les samedis soirs d’« avant ». Henry essaye tant bien que mal de ne pas se lier d’amitié avec ses camarades de classe. C’est bien trop dur. Après « ÇA », comment pourrait-il ? Seulement, il faut bien l’admettre, Farley, le myope-intello, et Alberta, le garçon manqué sont finalement vraiment sympas et ont, en plus, le même engouement que lui pour le catch. Ce qui n’est pas si fréquent ! Mais que s’est-il réellement passé ? Pourquoi tout a éclaté dans la vie d’Henry ? Pourquoi est-il si furieux ? Où est son frère ? Avec un talent inouï qui mêle brillamment des situations tendres et graves à la fois, ainsi que des dialogues décalés non dénués d’humour, Susin Nielsen compose un très beau roman. Les apparences sont trompeuses, elle le sait pertinemment, et la vérité reste cachée, bien ensevelie sous une couche épaisse de douleur et de souffrance. Mais il suffit d’un coup de pouce du destin pour qu’une seconde chance s’offre aux personnages et que la vie continue malgré cet atroce « ÇA ». C’est ce qu’elle nous raconte et c’est bouleversant.