Les plus beaux et les plus mémorables des combats ne sont pas toujours ceux qui se concluent par un K.O. ou dans un bain de sang. Nancy Guilbert, reine du ring, vous le prouve avec ce roman où tous les coups sont permis. Succession de directs, crochets et uppercuts, quelques parades bien senties et, pour finir, un magnifique hors-combat. Gazelle Punch ou l’élégance à la française.
Nancy Guilbert place l’intrigue de ce roman au cœur des forêts ardéchoises. Le Drômois que je suis ne peut, dès lors, qu’avoir les yeux qui pétillent, en dépit des guéguerres ancestrales opposant ces deux départements limitrophes. Force est de reconnaître que l’Ardèche, ses paysages verdoyants et surtout ses villages reculés, pour ne pas dire complètement paumés, sont aussi propices à l’isolement, au silence et à l’introspection. Mais pourquoi, me direz-vous, passer quinze jours coupé du monde lorsqu’on est un adolescent de 15 ans ? Dempsey et Livia sont ce qu’on appelle communément des écorchés de la vie. Violette, elle, a 50 ans et déjà bien roulé sa bosse. Son expérience personnelle l’a convaincue d’une chose : c’est chez elle, entourés de ces paysages et des personnes qui l’ont elle-même aidée à se reconstruire, que les deux jeunes pourront reprendre goût à la vie et se libérer enfin de leurs démons respectifs. Si rien ne semble gagné d’avance et si, pour réussir ce défi, elle devra composer avec les caractères bien trempés de ses deux nouveaux pensionnaires, Violette n’en démordra pas un seul instant : à grand renfort de rencontres et d’activités sportives en plein air, elle leur rendra sourire et joie de vivre. Quitte, au besoin, à dévoiler ses propres failles et laisser parler son cœur. Avec Gazelle Punch, Nancy Guilbert signe un roman tendre et touchant. Elle met à l’honneur la fragilité des êtres autant que leur capacité de résilience. Il y est question de deuil et de perte de repères. De haine des autres autant que de soi. Pourtant ce qu’on retient, lorsqu’on referme ce livre, c’est l’amour dont il déborde. L’engagement sans faille de Violette, le caractère imprévisible de Dempsey et le côté combatif de Livia. Un roman aussi fragile que lumineux qui fait la part belle au collectif. Car, autour de ces trois personnages centraux graviteront des identités secondaires qui, chacune, apporteront leur pierre à l’édifice et permettront au noyau dur d’avancer chaque jour un peu plus. Plus vite, plus haut, plus fort – ensemble. À l’instar de la devise des Jeux olympiques. Et pour couronner le tout, Nancy accomplit le pari fou de donner l’envie irrépressible à son lecteur de venir se perdre dans ces villages dont il ignorait peut-être l’existence. Car l’Ardèche, ce n’est pas seulement la fameuse traversée des gorges en canoë, parole de Drômois convaincu !