Axl Cendres

Dysfonctionnelle


photo libraire

Chronique de Laure Ahouandjinou

Librairie Récréalivres (Le Mans)

C’est l’histoire d’une famille hors normes demeurant « Au bout du monde », un bar miteux de Belleville ainsi nommé car « on est bien au bout du monde de quèqu’part ». Le père fait des allers-retours en prison, la mère des séjours en hôpital psy. Zaza la grand-mère ne rate aucun épisode des « Fous di l’Emour ». L’oncle a toujours une combine à proposer. Quant à Fidèle, Grégo, Jésus, Sid-Ahmed JR, Alyson, Dalida et Marilyne, ils composent une fratrie pour le moins hétéroclite. L’un se croit investi d’une mission divine, l’autre rêve de fuir cette famille foldingue. Fidèle, dite Fifi ou Bouboule, jeune fille à la langue bien pendue, aspire à se faire aimer (que ce soit en développant ses connaissances footballistiques pour impressionner son père, ou en prétendant posséder elle aussi un chat siamois pour se faire une nouvelle amie). Heureusement, Zaza est là pour remonter le moral des troupes : « Même avec une chose que tout le monde croit perdue, on peut faire quelque chose de merveilleux ». À l’adolescence, Fifi est diagnostiquée « enfant précoce », ce qui la mènera dans un lycée des beaux quartiers où l’attend l’amour, le vrai. Axl Cendres revient avec un roman à la fois tendre, cruel, et aussi décapant que les précédents. Ceux qui connaissent son anti-héros à la Forrest Gump (La Drôle de vie de Bibow Bradley, Sarbacane, 2012) savent que l’auteure n’est pas spécialisée dans le politiquement correct et l’écriture édulcorée. Ils retrouveront avec plaisir un univers déjanté, mêlant savamment satire sociale et humour caustique. Ceux qui n’auraient pas encore découvert les aventures trépidantes de Bibow Bradley ou les névroses d’Abel Francis Sandra (Mes idées folles, Sarbacane, 2009), eh bien, on les envie un peu ! Après Dysfonctionnelle, ils auront de quoi patienter en attendant son prochain roman.