Tout le monde connaît l’histoire de Dracula mais qui sait que, lorsqu’il était enfant, le célèbre vampire vivait un enfer à l’école, harcelé et violenté par d’autres élèves ? Ou comment poser, par le biais d’une fiction, des mots essentiels sur la différence et la nécessaire confiance en soi.
Dracula est un bon élève mais puisqu’il est un vampire, il est différent. Dispensé de sport, il devient le souffre-douleur d’une bande de petits voyous jaloux. Le petit garçon, qui vit seul avec son père depuis la mort de sa mère, n’ose pas en parler à la maison. Parce qu’il se sent en partie responsable de ce qui lui arrive et parce qu’il croit que si on s’en prend à lui, c’est sans doute un peu sa faute. « Une pensée certes absurde, mais allez expliquer ça à un petit être qui essaie de comprendre pourquoi on le persécute lui, et pas un autre. » Le silence de l’enfant, c’est aussi une manière de ne pas ramener à la maison ces « petits bouts de cauchemar » : « le mutisme est parfois une façon de laisser le mal à l’extérieur ». Jusqu’au jour où la violence atteint un palier supplémentaire. Celui de trop. Celui qui laisse des séquelles. Dracula refuse de retourner à l’école. On fait venir le médecin. Et cette fois-ci, l’enfant raconte à son père, en détail, plusieurs mois de brimades, agressions et autres humiliations au quotidien. Vlad, le père, se sent d’abord extrêmement coupable de ne pas avoir vu la gravité de ce que vivait son fils. Puis il laisse exploser sa colère loin de son fils avant de revenir vers lui. Car c’est ensemble qu’ils doivent trouver une solution. Et la solution, c’est peut-être d’abord de redonner confiance à Dracula. S’il se fait agresser, c’est probablement parce que les enfants le jugent vulnérable. À force de dialogue et de patience, au cours d’une longue nuit passée ensemble dans la ville, le père parvient à aider le garçon à croire en lui. Et à lui dire que ses agresseurs sont sûrement jaloux. « Ceux qui ricanent des autres sont souvent au fond d’eux des gens malheureux. » Ce que doit faire Dracula, c’est être plus intelligent qu’eux. Le lendemain, c’est avec l’aide d’une petite fille, Mina, que Dracula ose pour la première fois tenir tête à Christophe et à sa bande. Et d’une drôle de manière ! À partir de ce jour-là, quelque chose change dans la vie du petit vampire. Il peut se défendre. Après notamment Le Temps des mitaines (Didier Jeunesse) ou encore Chaussette (Delcourt Jeunesse), le scénariste Loïc Clément nous offre un nouveau regard incroyablement tendre, intelligent et bienveillant sur un sujet pourtant difficile. Le dessin de Clément Lefèvre est lumineux. Les couleurs, les traits témoignent de la peur puis de la confiance. Chaque jour Dracula ouvre, d’une très belle manière, une fenêtre nécessaire qui fait la part belle à la parole.