Un nouveau roman de Vincent Villeminot, c’est toujours une bonne nouvelle ! Le Royaume, premier tome de sa nouvelle série Black Cloud, tient toutes ses promesses. Une aventure post-apocalyptique totalement addictive et captivante, portée par un héros terriblement attachant : Léo, 12 ans, le maître des baratineurs !
Je devrais vous en vouloir : votre nouveau roman m’a valu une nuit blanche ! Je n’ai pas pu le lâcher. Pouvez-vous nous présenter ce nouveau projet ?
Vincent Villeminot - Black Cloud c’est l’histoire de trois frères qui vivent dans un hameau d’Ardèche isolé. Trois frères assez différents : Jacques, Léo et Paulo. Un matin, il y a un nuage noir au-dessus de chez eux, au-dessus du monde entier. On n’en connaît pas la cause mais il menace de créer une sorte d’hiver. J’ai écrit pour l’instant trois tomes, je pense qu’il y en aura au moins cinq. C’est une série qui va de catastrophe en catastrophe. Je connais le décor puisque Léo, Paulo et Jacques vivent chez moi, dans ma maison, au cœur de mon bout de forêt. Je peux à peu près tout inventer à partir de là.
La force de vos romans, ce sont vos personnages toujours parfaitement campés. Léo, le narrateur de l’histoire, est génial. Comment est-il né et pourquoi le surnomme-t-on Langue Fourchue ?
V. V. - Léo, c’est un menteur. Je trouve toujours intéressant, quand un roman est écrit à la première personne, que le narrateur ne soit pas fiable. Léo s’adresse au lecteur et il est susceptible de lui mentir. Car la catastrophe est telle que tout le monde devient un peu fou et qu’il en profite pour raconter des choses difficilement croyables. Pour autant, c’est quelqu’un de crédible. Il est relativement débrouillard et, par ailleurs, il a les pires idées du monde. C’est un super compagnon pour imaginer une histoire.
Le roman est accompagné de planches dessinées par Julien Martinière. Il y a une réelle connivence entre vos œuvres respectives. Comment est née cette collaboration ?
V. V. - On s’est rencontré sur plusieurs salons. J’aime beaucoup Le Tracas de Blaise (L’Atelier du poisson soluble) ; il se trouve qu’il a aimé Nous sommes l’étincelle (PKJ). J’adore sa façon de faire une forêt qui est à la fois chaude et froide, extrêmement précise et en même temps animée. Elle peut avoir un caractère fantastique, romantique. Dans une histoire où je savais qu’il y aurait du fantastique, où je voulais que la forêt soit un personnage, j’avais envie de travailler avec lui. Cette entente est tellement évidente que les planches prennent le relais du récit. Ce n’est surtout pas de l’illustration mais un dialogue. C’est une belle rencontre.
Le récit est mené tambour battant, on est constamment sur le qui-vive. Vous jouez avec nos nerfs en alternant suspense et humour. Les prémices de fantastique distillées dans ce premier tome prennent-elles de l’ampleur dans la suite ?
V. V. - L’humour, c’est un truc que j’ai pas mal utilisé dans la première série que j’ai écrite qui s’appelait Instinct (Nathan), avec notamment Shariff, un personnage très drôle. Après, peut-être que ça m’a semblé important de me prendre au sérieux comme auteur ! Je plaisante ! En tout cas, je ne crois pas qu’une fratrie prise dans une telle catastrophe ne passerait pas par de grands moments de rigolade. Le tragique crée aussi des occasions de rire. Pour le fantastique, l’idée est de ne pas savoir où je vais à chaque tome. J’adore quand le fantastique n’est pas programmé, quand je ne sais pas résoudre une situation autrement. Dans le deuxième tome, il y a pas mal de fantastique et du gore dans le troisième. Je n’exclus rien pour la suite, histoire d’amour ou pur nature writing. Chaque tome ouvre des possibilités infinies. D’un déséquilibre permanent, chaque situation appelle la suivante et elle engendre quelque chose de pire. Il peut tout se produire, d’autant plus que Léo nous a prévenus : « Je mens. »
La question est cruelle alors que sort tout juste le tome 1, mais on est impatients de retrouver Léo et ses deux frères. La suite arrive-t-elle bientôt ?
V. V. - La logique c’est un tome 2 avant la fin de l’année et deux autres tomes au printemps. Quand j’ai commencé cette histoire, la seule chose que je savais, c’est que je voulais m’adresser à ces petits mecs de 12-13 ans, croisés en librairie, qui lâchent le roman pour le manga. La première fois qu’on en a parlé avec mon éditeur Xavier d’Almeida, on s’est dit : « On va essayer de faire une série qui parle à ces ados en allant un peu sur leur territoire ». C’est-à-dire en faisant un bouquin où il y a de la bande dessinée, qui n’est pas cher, avec une grosse périodicité. Ce n’est pas un feuilleton, chaque roman existe en tant que tel. J’ai fait un feuilleton avec L’Île (PKJ). Dans ce cas, on publie tous les jours, c’est une autre logique. Là, les frères seront à la fin de chaque tome dans une situation telle qu’on aura envie, je l’espère, de les accompagner dans un autre tome.
À propos du livre
Au cœur de l'Ardèche, Le Royaume, une maison isolée en bord de forêt où vivent trois frères et leur père. Un matin, une explosion inexpliquée provoque un gigantesque nuage noir. La terre est alors plongée dans une obscurité permanente et inquiétante, menaçant de créer une sorte d'hiver où plus aucune récolte n'est possible. Peu après, au cours d'une expédition pour récupérer des vivres, leur père disparaît. Livrés à eux-mêmes, les trois frères, Jacques, Paulo et Léo, doivent s'organiser et assurer leur survie dans ce nouveau monde où les menaces sont nombreuses. Une nouvelle série entre survie, aventure et nature hostile, haletante et totalement addictive.