Katherine Applegate est une auteure sensible à la cause animale ; cette thématique est sous-jacente à toutes ses œuvres. Son dernier roman pour les juniors (une tranche d’âge qu’elle affectionne) n’y déroge pas : avec Willodeen, elle signe une jolie fable écologique de fantasy médiévale.
Jusqu’à ses 6 ans, Willodeen vivait paisiblement avec sa famille dans un petit village. Leur foyer était empli d’amour. Willodeen adorait sortir avec son père observer la nature et surtout les brailleurs, ces bêtes repoussantes à l’odeur pestilentielle (on pourrait les comparer à des sortes de putois). Il y avait aussi dans le coin des fredonnours (des sortes de petits dragons qui crachent non pas du feu mais des bulles) et c’est grâce à eux que le village vivait : chaque année, beaucoup de personnes venaient admirer leurs étranges constructions et participaient ainsi à la prospérité du village. Puis un grand incendie eut lieu : Willodeen y perdit sa famille et sa maison. Elle fut alors recueillie par ses deux plus proches voisines et recueillit elle-même un petit fredonnours. Ces deux êtres solitaires, abandonnés des leurs, trouvèrent du réconfort dans leur présence mutuelle. Et, en mémoire de son père, Willodeen continuait à observer la nature, loin des hommes. À 11 ans, Willodeen se rend compte que les brailleurs sont de moins en moins nombreux. En effet, les hommes, gênés par leur odeur nauséabonde et leur inutilité supposée, ont mis leur tête à prix : cinq écus de bronze pour chaque cadavre. Sauf que Willodeen est la seule à se rendre compte que la baisse drastique des brailleurs entraîne bizarrement une diminution tout aussi spectaculaire des fredonnours. Ce qui menace la survie économique du village. Pour convaincre les adultes, elle devra apporter des preuves des liens étroits qu'entretiennent brailleurs et fredonnours, aidée de ses voisines et d’un ami de son âge. C’est donc une Greta Thunberg qui s'éveille, avec cette phrase en exergue : « j’ai appris qu’on n’est jamais trop petit pour changer les choses ».