Béatrice Monod nous fait un admirable cadeau en éditant à La Martinière ce merveilleux album que son père Théodore, le célèbre naturaliste et explorateur, a écrit et dessiné pour elle alors qu’elle était âgée de 4 ans et qu’il était loin d’elle, en voyage d’étude dans le désert du Sahara en 1935.
Hachi est un petit chameau typiquement parisien. Au jardin, il joue au cerceau. Il va à l’école avec son sac à dos. Un sac à dos un peu bizarre, évidemment, car il ne faut pas oublier qu’il est un chameau et qu’il est bossu ! Alors qu’un jour de pluie, il feuillette un album sur les animaux, il tombe sur la photo d’un chameau. Un cousin ? Qui habiterait au Sahara ? Curieux de le rencontrer, Hachi décide de lui écrire une lettre. Alors qu’il désespère de recevoir une réponse, le facteur se présente enfin à lui avec la lettre du cousin Toufourine. Ce dernier (qui fait beaucoup de fautes d’orthographe, soit dit en passant) serait ravi de recevoir sa visite et lui donne toutes les indications pour venir le retrouver chez lui, dans le Sahara. Hachi obtient aussitôt l’autorisation de ses parents d’aller passer ses vacances à Tombouctou. Le voyage est long, mais, malgré un certain mal de mer sur le bateau qui empêche Hachi de manger le chocolat que lui a donné sa maman, il arrive à Asselar où l’attend Toufourine, qu’il ne reconnaît pas tout de suite. Oui, c’est un peu le choc des cultures. Toufourine ne porte pas d’habit, broute le nez par terre pour se nourrir, sans prendre la peine de s’asseoir à une table. Mais chaque chose est expliquée simplement à Hachi, qui apprend à s’adapter aux us et coutumes de ses cousins d’Afrique. Il va ainsi apprécier l’acacia et ses épines, accepter d’enlever ses habits pour avoir moins chaud, ou dormir directement sur le sable du Sahara. Avant de repartir en France, Hachi propose d’inviter tous ceux qu’il a rencontrés pendant son voyage, à un thé au clair de lune. C’est alors l’occasion pour Théodore Monod de nous dépeindre la cérémonie du thé, avec tous les animaux sauvages du désert réunis à cette occasion : l’autruche, la gazelle, le scorpion, le chacal, le varan, la hyène, et d’autres encore, à découvrir dans cet album. Au retour de Hachi, c’est la fête à la gare de Paris, sauf que ses parents préfèrent qu’il remette ses habits. Comme tout un chacun rentrant de voyage, Hachi est content de retrouver son lit et rêve de… thés au clair de lune. Puis, comme l’écrit Théodore Monod, « Et l’histoire finit comme ça. » Tout simplement en effet. Sans doute certains penseront comme moi à Babar en découvrant Hachi. Peut-être trouverez-vous les dessins de Théodore Monod un peu naïfs, quoique toujours fort justes dans leurs petits détails. Quelle chance d’avoir un père naturaliste qui fasse partager à sa petite fille ses facultés d’observation, sa curiosité, son éducation, son ouverture d’esprit ! On retrouve, à travers le papa, le grand humaniste qu’il a toujours été. On aimerait tellement que Monsieur Monod ait écrit d’autres belles lettres à sa fille !