Le roman Un printemps porte bien son nom et c’est cette saison que nous traversons au travers des mots d’Angèle, notre héroïne qui, armée d’encre et de papier, se raccroche à l’écriture en couchant sur les pages d’un agenda la douleur de sa perte et pour tenter de retrouver goût à la vie.
Ce roman s’ouvre sur une date, le 21 mars, officiellement le début du printemps. Il y a quatre mois de cela, au début de l’hiver, Angèle a perdu sa sœur. Une saison est passée depuis et l’absence de sa sœur est partout, impossible d’y échapper. Alors pour parler de sa perte, pour se souvenir, s'exprimer librement et tenter d’aller de l’avant, cette dernière écrit tour à tour à Maxime, Fulbert, Isla et autres saints que lui imposent les jours d’un agenda récupéré dans le bureau de son père. Parfois, elle en noircit les pages, d’autres fois elle les laisse blanches comme des silences, quand les mots ne suffisent pas ou quand ils viennent à manquer. Elle couche sa peine sur le papier, jour après jour, le temps d'un printemps. À travers ses écrits, c'est la douleur de toute une famille qui nous est montrée : celle d'un grand-père qui se raccroche à sa dernière petite-fille en l’implorant de « choisir la vie » ; celle des parents dont l'enfant absent prend toute la place, même celle de leur fille bien vivante ; celle d’une petite sœur se retrouvant soudainement fille unique et à qui ce rôle ne convient pas. Mais au fil des pages puis avec les dates qui défilent, la vie reprend le dessus, les larmes et la tristesse laissent progressivement place aux joies discrètes et aux petits bonheurs anodins. Les lettres d’Angèle, adressées à des inconnus qui ne les liront jamais, retracent une saison de sa vie : les hauts et des bas qu’elle traverse, les éclaircies et les jours d'orage qui jalonnent le chemin du deuil. Elles témoignent du temps et des efforts qu’il faut à cette jeune fille pour se remettre à vivre après la perte, malgré l’absence qui reste. Un printemps est un roman court et bouleversant qui parle des saisons de la vie. Car après la désolation de l’hiver, c’est la vie qui reprend ses droits.