Stéphane Servant fait partie des auteurs que l’on attend. Il revient en cette rentrée, pour le plus grand bonheur des libraires et de ses lecteurs, avec le captivant Sirius. Ce récit fantastique mené tambour battant prend la forme d’une grande quête initiatique sur fond de fin du monde.
Avril et Kid évoluent sur une terre à bout de souffle. « Tout a disparu à cause de la guerre. » Il n’y a plus aucun bruit autour d’eux, la vie s’est tue. Toutes les espèces – humaines, animales et végétales – sont devenues stériles et trouver à manger est une gageure. Cette quête seule occupe d’ailleurs la plupart des journées des deux enfants. Jusqu’à ce que le passé d’Avril refasse surface sous la forme d’un garçon, Darius, dont la violence n’a d’égale que la détermination. Il est à la tête des Étoiles Noires, une organisation qui s’apparente à une secte et qui est en grande partie responsable de la terreur qui domine le monde. Si Darius veut voir Avril réintégrer ses troupes, la jeune fille n’a de cesse de vouloir oublier cette partie de son histoire. Avril et Kid doivent donc fuir et c’est un long voyage qui commence ; un exil forcé semé d’obstacles vers la Montagne, un espace potentiellement épargné de toute contamination. Tous deux ne connaîtront que rarement le répit mais ils rencontreront des alliés. Le premier est un porcelet noir qui répondra au nom de Sirius et deviendra vite l’alter ego de Kid. Le deuxième est un homme, nommé le Conteur. Ses connaissances, des plantes notamment, faciliteront le quotidien de la folle équipée. La guerre, la violence, la folie et la peur ont eu raison des hommes et l’avenir, s’il existe, est bien incertain. Mais l’espoir habite encore les héros de Sirius. Ils ont un objectif, survivre, des étoiles à contempler et quelques histoires à raconter. Avec Sirius, Stéphane Servant s’essaie avec brio au genre fantastique. Il donne sa vision de la fin du monde et livre à travers elle ses réflexions sur notre monde contemporain. « Entendre la neige craquer sous ses pas, se remplir du froid sec, lever la tête vers le ciel infini (…) C’était peu de chose. C’était tout. Et Avril pensa que si les hommes avaient gardé ça en tête, rien ne serait arrivé. » Ici, les hommes ont oublié leurs familles, la joie d’être ensemble, et même jusqu’au délice d’une tartine de confiture. Arrogant et vaniteux, le genre humain a dédaigné la sagesse de la nature et n’a montré qu’irrespect envers les animaux. L’intérêt personnel l’a emporté, la violence s’est peu à peu installée et il pourrait bien se passer la même chose pour nous si l’on n’y prend garde. C’est ce que semble nous souffler l’auteur. Sirius est en fait une quête du renouveau et Stéphane Servant délivre un message fort : on a besoin de revenir à l’essentiel et de réfléchir à ce dont on a réellement besoin pour vivre et être heureux. Ainsi, pour trouver la paix, Avril devra se décharger des secrets qui l’habitent, révéler des vérités dont elle a honte et faire confiance à celui en qui elle tient le plus, Kid. Car ce n’est pas la destination qui compte, mais le chemin. Sur ce chemin, il y a des êtres et des histoires. Il y en a certaines qui se confient, d’autres qui se racontent. Et comme le dit parfaitement Stéphane Servant, « écouter une histoire, ça donne du courage ».