Michael Gruenbaum

Quelque part le soleil brille encore


Chronique de Noëmie Kormann

Librairie Le Failler (Rennes)

Déporté à l’âge de 13 ans avec sa famille, Michael Gruenbaum témoigne de ’innommable. Du ghetto de Prague au camp de Terezin, c’est une enfance volée qu’il nous narre, dans un récit juste et bouleversant.

Dans le Prague des années 1930, le petit Michael vit dans un joli cocon. Au sein d’une famille aisée et aimante, celui que l’on surnomme Misha est choyé, heureux et insouciant. Tout cela vole en éclats lorsque que la guerre éclate et que les troupes nazies envahissent la Tchécoslovaquie. De lois en décrets, d’arrestations en disparitions, de ghettos en déportations, le jeune garçon se retrouve à Terezin, camp de concentration que les nazis utilisent comme un instrument de propagande auprès de la Croix-Rouge. Y sont enfermés de nombreux juifs tchèques mais aussi des personnalités, des artistes, des scientifiques. Là-bas, il doit faire face à l’humiliation, au danger permanent et à la faim quotidienne. Mais il découvre aussi l’amitié et l’entraide au sein d’un groupe d’une quarantaine de jeunes garçons logés dans le même bâtiment. Soudés et solidaires, ils aident Misha à ne pas perdre espoir et à garder coûte que coûte foi en un avenir, même incertain. Michael Gruenbaum est l’un des derniers survivants de l’Holocauste. Il revient, plus de soixante-dix ans après, sur les années les plus sombres de sa vie, celles où on lui a ravi son insouciance, son enfance mais aussi une partie des siens. Et c’est toute la réussite de ce roman témoignage. En choisissant de raconter au présent et à la première personne les souvenirs de Michael Gruenbaum, Todd Hasak-Lowy plonge le lecteur au cœur de ces événements et nous permet de les vivre à travers son regard. Le regard d’un enfant confronté à l’indicible, obligé de grandir et de se construire seul, loin des siens. Un témoignage poignant et nécessaire qui aide à faire connaître et transmettre cette partie sombre de l’Histoire pour qu’elle ne soit jamais oubliée.