Patrick Bard

P.O.V.



sexualité
pornographie
addiction

Chronique de Bénédicte Cabane

Librairie des Danaïdes (Aix-les-Bains)

Patrick Bard est de retour avec un roman encore plus fort à mon sens que le précédent. Après l’embrigadement des jeunes par Daesh dans Et mes yeux se sont fermés, P.O.V. – Point Of View (toujours chez Syros) aborde le thème de l’addiction au cybersexe chez les adolescents.

Il fallait oser ! Parce que malgré l’omniprésence du sexe dans notre société (de consommation bien entendu : le sexe devient un bien comme un autre et je ne vous parle même pas de la place de la femme dans ce schéma !), il n’en reste pas moins un sujet « tabou » dans la sphère privée. Surtout quand un adulte s’adresse à un jeune. Nous suivons Lucas, un gamin ordinaire de nos jours qui se passionne depuis tout petit pour les super-héros. Il profite d’Internet et de sa vaste toile pour assouvir sa passion de connaissances sur le sujet. Il est alors souvent confronté à des contenus pornos auxquels un adulte ne fait même plus attention. À 13 ans, par hasard, une vidéo se met en route. Commence alors une descente aux enfers qui nous est racontée point par point. Aucun jugement n’est porté sur cet adolescent. Il s’agit du récit d’une addiction, certes particulière, mais avant tout d’une addiction. La deuxième partie entraîne le lecteur sur la reconstruction de Lucas : pour se sevrer, pour se soigner, pour faire la différence entre porno et relation sexuelle, pour aimer, pour vivre. C’est un chemin de résilience. Le lecteur se prend une claque. Il lui faut un temps pour assimiler le livre, pour y penser, pour l’appréhender. Un temps de sidération. Surtout de prise de conscience. Prise de conscience pour le lecteur ado : cela pourrait arriver à n’importe qui, lui en premier. Prise de conscience pour le lecteur adulte de sa faute, de celle des adultes, de celle de notre société : notre faute de permettre au porno d’envahir la toile, notre faute de mettre nos jeunes face à ces contenus, notre faute de ne pas oser aborder ce risque avec eux, notre faute de ne pas leur montrer ce qu’est l’amour physique véritable. Alors, merci Patrick Bard de le faire pour nous.

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