Une cité banale avec ses tours, ses trafics et au milieu, un garçon totalement paumé. Le nouveau roman de Vincent Mondiot est un énorme coup de cœur. Il surprend, bouscule, interroge, émeut, tant sur le fond que dans la forme.
Patrick a vingt et un ans et il écrit. Il a pris la plume pour nous raconter son histoire. Il commence son récit par le sauvetage d’un oiseau, avec son grand frère Abdel, alors qu’il était en CM2, pour prouver d’emblée au lecteur que non, Abdel et lui ne sont pas de mauvaises personnes. Leur vie a juste dérapé et leur a échappé à un moment, un soir. Patrick a alors quatorze ans, Abdel sort de prison, après six mois passés derrière les barreaux pour trafic de drogue. Patrick admire son frère et les deux jeunes gens retrouvent rapidement leur complicité autour des jeux vidéo auxquels ils sont complètement accros. Délaissés par une mère dépressive, violente et alcoolique, Abdel et Patrick, qui sont demi-frères, ont appris à se débrouiller pour assurer leur survie. Patrick, enfant et adolescent souffre-douleur au collège, a pris l’habitude de se faire discret et transparent tant à la maison qu’à l’école. Il rêve d’une autre vie que celle que lui offre sa cité. Avec Mégane, sa seule et véritable amie, ils partagent leur passion pour les jeux vidéo et rêvent de créer leur propre jeu. Mais la vie va jouer un drôle de tour totalement inattendu à Patrick. Ce qu’il nous raconte, il n’en a jamais parlé, pas même à Mégane et son récit prend la forme d’un long flash-back écrit comme une dissertation de collégien, avec ses maladresses et ses digressions, mais il tient à tout dire, à tout raconter dans le moindre détail, comme un exutoire, une sorte de thérapie pour repartir dans la bonne direction. Vincent Mondiot trace un magnifique portrait d’adolescent plongé dans une solitude sans fond et cabossé par la vie, dans un roman noir aux accents macabres où l’humour pointe souvent le bout de son nez. Un enfant, un adolescent qui ne demandait qu’à être aimé mais qui n’a pas eu cette chance.