Fidèle à son esthétique hyperréaliste et à son amour de l’Histoire, Roberto Innocenti nous embarque sur le Clémentine, navire commercial, à la suite du jeune Sean qui sera amené à devenir son dernier capitaine. La narration de l’album, construite sur un grand flash-back plein de mélancolie, s’étire sur tout le xxe siècle avec une ampleur romanesque qui emprunte au meilleur du docufiction. Le texte relate la vie de l’apprenti marin tandis que les illustrations fourmillantes de détails prennent en charge, sans redondance, toute la dimension documentaire du projet. L’auteur-illustrateur n’a pas son pareil pour imbriquer la petite histoire dans la grande. Avec ces beaux regards empreints de gravité adressés au lecteur par les personnages et cette image marquante du bateau brisé dans un prodigieux cimetière marin, le Clémentine de Roberto Innocenti devient aussi le nôtre.