La quiétude d’une petite cité portuaire du sud Finistère sur fond de licenciements, de plans sociaux et de lutte des classes, autour d’un stupide défi sportif, tel est le décor de Lucky Losers, le nouveau roman de Laurent Malot.
Sean a vécu les dix-sept premières années de sa vie à Londres. Lorsque ses parents divorcent, il se retrouve parachuté à Douarnenez, petite ville tranquille du sud de la Bretagne. Des troubles vont pourtant fortement agiter la cité, et Sean est accusé d’en être le responsable. Tout est parti d’un incendie qui a réduit en cendres une partie de l’Institut Balzac, le lycée privé qui accueille les filles et fils des nantis de Douarnenez, obligeant ces derniers à accepter l’hospitalité du lycée Saint-Hilaire, l’établissement public dans lequel Sean et ses amis sont élèves. Les gosses de riches vont devoir terminer l’année scolaire aux côtés des gosses de prolétaires. La cohabitation est explosive, d’autant que Sean ne trouve rien de mieux à faire que de tomber raide dingue amoureux de Camille, héritière des Ateliers d’Arincourt, gros pourvoyeurs d’emplois dans la région. L’ambiance devient électrique lorsque la famille d’Arincourt annonce une délocalisation de sa production et un énorme plan social qui laissera sur le carreau bon nombre de familles de la ville. Les choses auraient pu rester dans l’état si Sean, après une énième provocation de trois fils de la bourgeoisie locale, ne leur avait pas lancé un défi sportif en trois épreuves auxquelles Sean et ses potes ne connaissent absolument rien. Le challenge, relayé sur les réseaux sociaux par une apprentie journaliste, tourne à la lutte des classes et embrase la ville. Dans un roman à l’humour grinçant, qui parle de capitalisme, de chômage et de précarité, Laurent Malot dresse le portrait d’adolescents qui s’éveillent à la politique. C’est magnifiquement réussi.