Les Évadés du bocal, de Bruno Lonchampt, est un roman choc. Tout comme Sandro, l’un des personnages principaux sujet à des crises d’angoisses et de violence, l’auteur martèle les pages avec des mots durs dans une atmosphère pesante. Concis dans « les faits », il raconte l’histoire de trois patients d’un hôpital psychiatrique qui s’évadent afin de prouver que leur psychiatre trempe dans une affaire louche. De mèche avec un homme d’affaires célèbre, il ferait du trafic d’organes et ses patients les plus faibles en seraient les victimes. Seulement, les trois amis ont des pathologies telles que personne ne les croit. Yves, ancien membre de l’ATTAC, est diagnostiqué paranoïaque aigu. D’ailleurs la voiture qui l’a percuté, ce n’était pas « un accident » ! Lisa est obsédée par la musique. Ses absences, pendant lesquelles elle se dénude, lui font oublier qu’elle est la maman d’un bébé. En attendant, pour ne rien oublier, elle consigne le déroulement de ses journées dans un carnet. Sandro est un jeune graffeur talentueux, la voix d’une génération qui se rebelle, mais qui ne gère ni ses crises d’angoisses, ni ses accès de violence. Seul James Brown peut calmer sa haine des « chauves »… Avec leurs phobies, leur paranoïa, leurs démons, leurs pulsions, ils nous entraînent dans une course poursuite à travers la France. Le lecteur est hypnotisé par leurs délires de grand complot, leurs transes poétiques, leur espoir de liberté. Jusqu’au dénouement final. Une lecture envoûtante.