Pour son entrée dans le monde de la littérature, Marine Carteron signe un premier roman rocambolesque et à mourir de rire, où il est question du livre et du savoir. De toute époque, de toute civilisation. Une trilogie pour adolescents (et plus grands) qui s’annonce démentielle !
Pour parler des Autodafeurs, je ne peux tout de même pas m’arrêter à « ce livre est génial ! On est obligé de tourner la page tellement c’est super ! », même si je dois avouer que c’est une des premières choses qui me vient en tête. Auguste Mars, 14 ans, aime « Paris, l’appart, les potes, les musées, les rives de la Seine, [ses] bouquinistes et [ses] restaurants indiens préférés ». Lorsque son père meurt, c’est donc le cœur lourd qu’il part vivre à la campagne, à La Commanderie, où vivent ses grands-parents paternels, qu’il décrit comme des imitations du Père Noël Coca-Cola et de Mamie Nova. Aussi intelligent que cynique, il n’en reste pas moins un adolescent de son temps, qui peut passer des heures dans la salle de bain à se coiffer et s’habiller à la perfection pour être le beau gosse du collège. Césarine, sa petite sœur de 7 ans, est atteinte du syndrome d’Asperger. Pragmatique à souhait, obnubilée par les maths et la logique, elle utilise des Monsieur-Madame pour apprendre à comprendre les sentiments des gens. Je vous laisse imaginer le potentiel comique de nos deux narrateurs… Auguste comprend assez vite que son père n’est pas vraiment mort dans un accident ; que Le Négrier, directeur de son nouveau collège, n’est pas tout blanc ; que De Vergy, son professeur de français (motard, anarchiste, féru de lectures en tout genre, chouchou des élèves) cache bien son jeu ; qu’il va falloir fuir les frères Montagues comme la peste. Ce qu’il ne sait pas encore, c’est qu’il est le descendant d’une vieille famille de La Confrérie, qui a pour mission de protéger les livres et le savoir. Et que les Autodafeurs sont plus décidés que jamais à leur mener la vie dure. L’adolescent se retrouve embarqué, et nous avec, dans une guerre secrète qui se joue depuis Alexandre le Grand. À chaque page, vous serez pris aux tripes par des aventures pleines de mystères et de suspense, au milieu desquelles la petite Césarine, autiste qui préfère se dire artiste, apporte une touche nécessaire de fraîcheur et de tendresse. Avec sa manière de voir les choses, de ne pas en comprendre d’autres, cette dernière fait preuve sans le vouloir d’un humour délicieux auquel Auguste, aussi intelligent que superficiel, répond avec un cynisme et une nonchalance ravageurs ! Les Autodafeurs évolue à mi-chemin entre Harry Potter publié par Gallimard Jeunesse (mais sans magie), le roman d’anticipation pour les enjeux et le traitement (mais complètement ancré dans notre réalité) et Comment (bien) rater ses vacances d’Anne Percin (Le Rouergue). Tout se dévore, tout se savoure, rien n’est à jeter dans ce premier tome bourré d’adrénaline et, vous l’aurez compris, d’humour. Le genre de livre qu’on ne peut pas lâcher. Pour lequel on est tellement soulagé de savoir qu’il reste encore deux tomes à venir, mais dont on déteste l’auteure de nous faire attendre plusieurs mois avant le prochain. Amis lecteurs, n’hésitez pas plus longtemps : lancez-vous, vous aussi, dans une bataille qui nous importe et nous lie tous : la survie des livres.