Auteure de 18 ans, Rinsai Rossetti jette un regard original sur les désirs d’émancipation de l’adolescence et les relations père/fille. Elle nous offre une relecture de La Belle et la Bête, où se conjuguent merveilleux, fantastique et exotisme.
Frenenqer Paje, l’héroïne, à peine moins âgée que sa créatrice puisqu’elle a 17 ans, est née d’un rêve : celui nourri par son père sur les chemins de Saint-Jacques de Compostelle. Ballottée de pays étranger en pays étranger, tiraillée entre le désir d’être une fille modèle et quelqu’un d’autre qui serait plus libre, plus audacieux, elle vit dans une oasis, prisonnière du désert, de son école anglaise, du regard de son père qui exige d’elle qu’elle réponde strictement à ses attentes. Enfin, elle est prisonnière d’elle-même. Solitaire, ne trouvant nulle alliée en sa mère car celle-ci est inféodée à son père, elle vit dans les livres qu’elle dévore. Pourtant, elle sait aussi poser un regard critique et ironique sur elle-même, comme l’indique ce titre de chapitre : « Où je me transforme en sainte de quatre-vingts ans ». C’est un chat aux yeux jaunes qui va lui donner la force de se révolter et de s’affranchir du joug paternel. La bête lui offre l’occasion de s’opposer à son père pour la première fois. Grâce à cet être nommé Sangris, qui appartient au peuple des « libres créatures » et dont la nature à la fois humaine et angélique va très vite se révéler, la faisant passer de l’enfance à l’adolescence, Frenenqer accomplit la mue qui lui permettra de prendre ses distances avec son père et de s’ouvrir au monde. Laissez-vous emporter par L’Envol, entrez dans un univers magique où les chats parlent. Ancré dans une réalité, certes lointaine – celle d’expatriés travaillant au Moyen-Orient –, et peuplé de dragons, de paysages grandioses, ce roman est attentif à évoquer avec délicatesse et humour la naissance et l’évolution du sentiment amoureux, vécu comme libérateur. Sous la plume poétique de Rinsai Rossetti qui signe ici son premier roman, le conte de fées fait peau neuve.