Découverte en France avec le très remarqué Le Renard et l’Étoile (déjà chez Gallimard Jeunesse) et auquel elle fait ici un clin d’œil discret, Coralie Bickford-Smith revient aujourd’hui avec le très beau Le Ver et l’oiseau. Dans la même veine philosophique, cette fable met en scène le destin d’un ver rêvant d’un « ailleurs vide et paisible ». L’univers graphique est immédiatement identifiable : économie de texte et de couleurs, variations dynamiques du cadre et des points de vue portées par un sens aigu de la mise en page. En reliant le monde sous-terrain et le ciel, au cours de ce qui sera le dernier voyage de ce pauvre lombric, elle place habilement l’idée de transcendance en regard d’une fin annoncée. La modeste épopée de ce ver de terre amuse et touche en même temps le lecteur qui fait l’expérience vertigineuse de la trivialité de la vie autant que de sa beauté infinie.