Une histoire brillamment composée à la manière d’un immense puzzle. Morpurgo continue d’explorer les mille facettes de la Première Guerre mondiale, à travers des personnages profondément humains. Il montre comment des destins peuvent basculer tragiquement et combien le bonheur est fragile.
Mai 1915. Comme le reste du monde, la Grande-Bretagne commence à se rendre compte que la guerre ne sera pas finie de sitôt. Nous découvrons Alfie et ses parents qui vivent de la pêche et de l’agriculture à Bryher, une des îles qui forment l’archipel des Scilly. Une fois encore, Alfie fait l’école buissonnière pour aller à la pêche avec son père. S’éloignant de leur lieu habituel et portés par les courants, ils approchent de l’île Saint-Helens. Alertés par des cris d’enfant, curieux de savoir qui a bien pu échouer sur cette partie inhospitalière et inhabitée de l’archipel, le père et le fils découvrent une petite fille famélique, le regard hagard. Qui est-elle ? Elle ne prononce aucun mot et se contente d’émettre un drôle de son, « Lucy ». Son prénom ? De quelle nationalité est-elle ? Seul indice, elle tient dans la main une couverture, dont l’étiquette porte le mot « Wilhelm ». La fillette serait-elle une espionne allemande ? Pourquoi est-elle seule ? La famille d’Alfie prend soin de Lucy, patiemment, afin de l’aider à retrouver la mémoire et lui à réapprendre à parler. Une chose est sûre, elle aime la musique et le clair de lune… Lucy est une étrangère. La suspicion des voisins rend bientôt la vie impossible à la famille. Lentement les souvenirs reviennent à la petite naufragée. Une autre histoire se greffe à la première. Embarquée à bord d’un paquebot pour un voyage périlleux, la jeune Merry et sa mère quittent New York pour rejoindre leur père et mari blessé sur le front et hospitalisé en Angleterre. Comme toujours l’auteur nous livre des détails sur cette période de la guerre. Il parle de la façon dont les gens, loin des champs de bataille, vivent au quotidien. L’archipel des Scilly n’a pas été choisi au hasard par l’auteur. En 1875, le naufrage d’un paquebot allemand et ses nombreuses victimes a marqué la mémoire des îliens. En 1915, en reconnaissance de l’aide apportée par ces derniers, l’État allemand ordonne aux navires croisant au large de ses côtes de ne jamais attaquer aucun bateau. Malgré cela, le paquebot Lusitania est torpillé. C’est encore un mystère, qui sert de prétexte à Michael Morpurgo pour tisser le fil de son intrigue. À travers ses personnages, l’auteur confronte le lecteur à des événements politiques et sociaux qui sont à l’origine du monde dans lequel nous vivons.