Brunetto Latini

Le Livre du trésor



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Chronique de Mélanie Mignot

Librairie Le Grand Cercle (Éragny-sur-Oise)

Prenez des textes du patrimoine littéraire classique s’adressant aux enfants, sélectionnez les illustrateurs et illustratrices les plus emblématiques de la littérature de jeunesse, quelques contraintes de création et voici les merveilleux albums de « La Collection » des éditions Grasset Jeunesse.

La maison d’édition a créé « La Collection » pour valoriser des textes méconnus du patrimoine littéraire. Ilya Green a illustré un sublime texte de Robert Louis Stevenson (Petit Jardin de poésie), Christophe Martin s’est attaqué à un récit d’Alexandre Dumas (Nicolas le philosophe)… « La Collection » compte cinq ouvrages et c’est au tour de Rébecca Dautremer de se prêter à l’exercice. L’illustratrice, récemment primée pour son travail très délicat sur Midi-Pile (Sarbacane), s’est pliée aux contraintes de « La Collection ». Les éditions Grasset Jeunesse lui ont confié la mission d’illustrer Le Livre du trésor de Brunetto Latini, datant du XIIIe siècle. Ce bestiaire recense les animaux réels et mythologiques de l’époque ; un texte que Rébecca Dautremer ne connaissait pas avant la commande de l’éditeur. « La principale contrainte est de réaliser les illustrations en un temps limité, c’est-à-dire une semaine. Je l’avoue, pour moi, ce fut une semaine de quatre-vingt-dix heures ! C’est évidemment un temps de travail dont je n’ai pas l’habitude. J’ai en principe besoin de plus de temps pour exécuter mes planches dans ma technique couleur habituelle. Le fait de finaliser ici le dessin en noir et blanc permet de gagner du temps », nous confie l’artiste. Car « La Collection » est avant tout un défi artistique que les illustrateurs se plaisent à relever. Les contraintes : seulement une semaine pour la création, un nombre de couleurs limité à quatre et une mise en couleur effectuée par la direction artistique de la collection. Il est néanmoins difficile de totalement quitter ses habitudes et son style : « Je n’ai pas voulu renoncer à poser des valeurs et des volumes dans mon dessin et j’ai gardé le niveau de détails que j’aime. J’ai préféré être plus épurée et efficace dans mes compositions. C’est toujours intéressant d’être limitée dans le temps. Cela vous pousse dans des zones que vous n’avez pas encore explorées », explique Rébecca Dautremer. En ce qui concerne la contrainte de la quadrichromie, l’illustratrice nous rappelle qu’une partie de son travail est réalisé en noir et blanc (Soie, Tishina ; Une Bible, Gautier-Languereau) et qu’elle aime beaucoup cette manière de travailler. Je vous laisse découvrir ce magnifique bestiaire où le travail de Rébecca Dautremer est un bijou de finesse. Chaque illustration est un véritable tableau. Le choix des couleurs est sublime et exécuté d’une telle manière que l’on ne peut que s’extasier devant chaque animal, même les moins « beaux ». La fourmi est mignonne, le caméléon nous fait voyager en Asie, et l’on rêve de se mirer dans l’œil de la légendaire licorne. Un ouvrage à mettre dans toutes les mains, petites et grandes.

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