Il peut être audacieux de publier un nouvel album du grand classique de Rudyard Kipling et surtout de renouveler l'imaginaire visuel que ce roman inspire. Pari gagné pour celui-ci : les illustrations nous emmènent souvent dans l’univers des naïfs et parfois dans un univers plus fantastique. Effectivement, il y a à la fois quelque chose du Douanier Rousseau dans cette jungle stylisée, affranchie des règles académiques de la perspective et des couleurs, et une sensation de vertige étonnamment poétique. Kaa, le grand serpent, tout comme le roi des singes, s'impose face à un Mowgli petit et frêle, alors que Baloo et Raksha semblent tendres. Pourtant, le trait n'est pas simple et les détails sont riches. Tout dans cet album flotte doucement et nous entraîne vers la fragilité de l'enfance, vers sa richesse ainsi que celle de la nature, tour à tour salvatrice et dangereuse.