Pauline Penot , Sabine Panet

La Tête ne sert pas qu’à retenir les cheveux



racisme
excision
droits

Chronique de Claire Lebreuvaud

Librairie Le Pavé dans la marge (Mérignac)

« Petite, on me disait que si on ne coupe pas les filles, les lèvres entre leurs jambes poussent jusqu’à ce que ça devienne long comme les oreilles de lapin. »

Awa, qui n’aimait pas trop embrasser les garçons qui ont du tartre dans Le Cœur n’est pas un genou que l’on peut plier (Thierry Magnier, 2012), vient de troquer ses jolies tresses, qu’elle promenait du côté de Villepinte, pour une boule à zéro. C’est l’avantage avec les cheveux, ça repousse, contrairement à cette autre partie du corps que l’on coupe au nom des traditions. Awa est en colère, une colère sourde, elle vient de découvrir qu’elle est excisée. Au nom de quoi ? Pourquoi ne lui a-t-on rien dit ? Sa mère, passe encore, mais sa tante, la si libertaire et si scientifique Dado ? Et Nawdé, la grand-mère qui débarque du Sénégal… c’est pour l’excision d’Amayel, la petite sœur ? Tout comme dans leur précédent roman, Sabine Panet et Pauline Penot s’amusent à dynamiter les préjugés et les clichés en s’emparant d’un sujet grave, mais en l’abordant avec une intelligence rare et énormément d’humour. Les dialogues entre le rabbin et Jacob, qui veut bien être juif mais qui voudrait que ça reste quelque chose de relativement peu envahissant, et qui prépare sa Bar Mitsvah surtout pour emmerder les nazis, sont délicieusement hilarants. Un roman à mettre entre toutes les mains. On en ressort sacrément plus intelligent !

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