De prime abord, ce roman semble simple et uniquement destiné à divertir les enfants : quatre amis animaux en ont assez d’inspirer peur, moquerie et mépris chez les humains. Le récit décrit leurs tentatives pour faire évoluer les mentalités. Mais ce roman est en réalité bien plus profond que cela. Nous sommes en 2034 et il faut savoir que depuis la Révolution de 2018, les animaux sont devenus les égaux des humains : il est désormais interdit de les manger et l’école est devenue obligatoire pour eux aussi. C’est l’ère de l’Égalité animale. Sauf que, comme le disait La Fontaine ou Orwell, la justice n’est pas la même pour tous selon que l’on est puissant ou misérable, blanc ou noir, beau ou moche. Et cela aussi bien entre les hommes que parmi les animaux. Ainsi vaut-il mieux naître cheval, dauphin, chien ou chat que mygale, hyène, boa ou crocodile, comme nos quatre amis. À la lecture du roman, les enfants suivent pas à pas le processus d’un soulèvement populaire comme ceux de 1936 ou de mai 68 : le constat d’une injustice de plus en plus grande, le ras-le-bol quand la goutte d’eau fait déborder le vase et la révolte à proprement parler qui s’ensuit, pacifiste ou non selon les choix de chacun. Mine de rien, le militantisme, la cause animale, la justice pour tous, l’égalité, la lutte contre le diktat de l’apparence, l’abolition des classes, les débordements de la fureur populaire… tout cela est mis en avant, qui plus est de façon drôle et légère. De quoi faire de nos jeunes lecteurs de futurs citoyens attentifs au monde qui les entoure ! « Des bisous pour ceux qui sont pas choux ! »