C’est obligé : Fabien Clavel est un fan de la géniale série de comics Fables de Bill Willingham (Urban Comics). Avec ce texte, des similitudes donc (les contes revisités avec humour et action) mais aussi des différences (à portée des plus jeunes et de façon romancée).
À notre époque, à Paris, Lycie est une jeune collégienne et, comme tous les jeunes de son âge, elle a quelques problèmes. Déjà, sa pilosité est extrêmement développée. Et elle rentre régulièrement dans des colères folles et ingérables, souvent provoquées d’ailleurs par un de ses petits camarades de classe : Hachem. Personne ne semble la comprendre. Ainsi quand elle tombe sur une petite annonce qui, semble-t-il, peut résoudre tous ses problèmes, elle n’hésite pas et va consulter. Sauf qu’elle tombe sur Hachem (certes il a un gros problème d’hyperactivité, lui, mais pourquoi vient-il encore se fourrer dans ses pattes ?) et surtout sur des gens beaux, lisses et bizarres qui veulent la, les kidnapper. Ils sont « sauvés » in extremis par une autre personne encore plus bizarre qui leur apprend que Lycie descend du Grand Méchant Loup (vous savez, celui qui a mangé le Petit Chaperon rouge) et qu’Hachem est un Rokh (oiseau de mauvais augure annonçant une mort imminente dans les contes des Mille et une nuits). Ils sont donc des Méchants et, comme tels, vont être scolarisés au Manoir des Méchants (avec la Reine de Cœur, la Reine des Neiges, Pinocchio… j’en passe et des meilleurs) afin d’apprendre à maîtriser leur pouvoir de transformation. Les gens beaux et lisses sont des Gentils (Blanche-Neige, Belle, Le Prince charmant… là aussi j’en passe !) et ils cherchent à éradiquer les Méchants à coups de bistouri (au programme : lobotomie, chirurgie plastique et esthétique). Mais, au final, n’est-ce pas plus amusant et vivant d’être un Méchant qu’un Gentil ? Fabien Clavel, avec verve et fougue, humour et amour, embarque les enfants dans une aventure endiablée qui les fera, mine de rien, réfléchir sur la question de la normalité, l’importance de la différence ou encore le diktat des apparences.