Alice Oseman

Heartstopper, t. 5


BD
estime de soi

Chronique de Antonin Barial-Camu

Librairie Écriture (Chabeuil)

Papillons dans le ventre, sentiments dévoilés, première fois et parcours sup’ : ce cinquième volet de la saga alterne frivolité et questionnements, soit autant de raisons de souder que d’affaiblir le couple mythique formé par Nick et Charlie.

 

À Paris, sur un terrain de rugby ou, comme ici, dans un lit, Alice Oseman explore les désirs adolescents, la découverte de soi, du corps et de l’autre. Ses personnages connaissent les questions et les doutes qui assaillent chaque individu au même âge mais tentent d’avancer avec toute la bienveillance possible.

Inconditionnels de la version papier ou binge watcher de l’adaptation Netflix, Heartstopper met tout le monde d’accord : c’est la romance doudou dont tout le monde a besoin – oui, oui, même vous qui roulez des yeux, jouez les aigris et refusez encore de (vous) l’avouer. Alors qu’est-ce qui explique un tel succès à l’heure où la France est divisée en deux camps : ceux qui enchaînent les comédies romantiques (de Noël) et ceux qui râlent face à cet étalage de guimauve ? Faisons donc un retour sur ce carton littéraire inattendu. Alors que mangas et bandes dessinées connaissent un succès florissant, les plus jeunes sont séduits par le format de la saga Heartstopper. Ce roman graphique se dévore rapidement et n’est que pur plaisir. Comme nous connaissons tous des détracteurs de la bande dessinée, ces individus grincheux qui n’ont de cesse de dire que ce n’est pas de la littérature car elle contient souvent peu de texte, je tiens à préciser ici que, si elle le fait avec une économie de mots, cette série aborde tous les sujets qui font écho chez les jeunes. De manière fraîche et moderne, Heartstopper parle d’identité, de quête de soi, de confiance, de mal-être, de liberté, d’amour et d’amitié. Surtout, c’est une ode à la vie et à l’envie de la vivre pleinement. Et les moins jeunes dans tout ça ? Peut-être l’avez-vous remarqué, cette saga séduit bien au-delà de son cœur de cible. Si on peut remercier Netflix pour cette mise en avant et ce sacré coup de projecteur sur la teen romance homosexuelle, le miracle se trouve ailleurs. Le géant de la distribution cinématographique et télévisuelle n’a fait que propulser une création qui contenait les deux ingrédients essentiels : l’amour et l’espoir. En effet, être homosexuel à l’adolescence, c’est rarement facile. Nous sommes nombreux à garder de mauvais souvenirs de l’époque collège-lycée. Aussi, et même si Heartstopper n’est qu’une fiction, voir deux adolescents gays amoureux, heureux et surmonter ensemble chacun des obstacles qui se présentent, ça réconcilie les plus âgés avec l’adolescent qu’ils ont été et ça rassure les plus jeunes. L’amour, donc, est un thème qui ne cessera jamais d’enthousiasmer les foules et, aujourd’hui encore, la communauté queer a besoin de références littéraires douces et positives comme celle-ci. Dans ce cinquième volet, l’avant-dernier de la saga, trois éléments principaux : les relations à distance, le sexe et le rapport au corps. Quid de l’avenir pour nos jeunes tourtereaux ? Une fois encore, un sans-faute, un véritable coup de cœur et une prière : Alice Oseman, ne nous enlevez pas Nick et Charlie !

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