Enragée

« Chasse l’orage, mon soleil. » Voilà le conseil donné à Fauve, une ado battante et lumineuse que la vie n’a pas épargnée. Un roman d’une justesse rare sur l’adolescence, les familles d’accueil et le monde de la rue.

À 16 ans, Fauve danse comme une « enragée ». Elle vibre. « La danse, pour elle, c'est ce qui comble les gouffres. » Ses brèches sont profondes pourtant. Sa mère, tombée enceinte à 19 ans et meurtrie par la consommation de drogues diverses et des compagnons violents, n'a jamais réussi à la prendre en charge. Après avoir été confiée à l'aide sociale à l'enfance, Fauve trouve sa place auprès de Maud et Hervé, une famille d’accueil pleine d’amour qui, au fil des années, deviendra sa véritable famille. Quinze ans d'existante paisible, entourée d'amour, d'amie et de danse. Une résurrection pour Fauve. Tout bascule avec l'arrivée d'une nouvelle juge, peu au fait du dossier, qui rejette la prolongation de l'ordonnance de protection. Après quinze années, Fauve doit soudainement retourner vivre avec sa mère, une étrangère pour elle. Cette décision est impensable pour Fauve mais sa volonté est inaudible et son cas est broyé par le système. Alors, Fauve choisit la fugue, la rue, l'anonymat, en attendant ses 18 ans, sa majorité, sa liberté. C’est à Lyon que démarre sa nouvelle vie, sans domicile fixe et avec une nouvelle identité. Cécile Alix maîtrise ce récit avec justesse : on vibre au fils des pages, les personnages sont authentiques et les émotions puissantes. Les personnages que Cécile Alix fait évoluer sont d'une humanité touchante, bienveillante et imparfaite. La langue est bouleversante, saisissante ; elle nous happe, nous frappe, nous émeut. Sans jamais tomber dans le drame ou le sensationnalisme, Cécile Alix aborde avec précision les liens qui unissent les enfants et les familles d'accueil, la solidarité présente dans la rue, ainsi que la quête existentielle des adolescents, bientôt adultes mais encore si vulnérables. Ce roman et ses personnages nous laissent une empreinte indélébile et nous aident à « chasser l’orage ».