La littérature de jeunesse, c’est voyager, s’aventurer dans des époques passées, des contrées du monde entier et surtout s’amuser. Mais c’est aussi plonger dans les méandres de la complexité et du côté sombre de la vie d’un adolescent.
Avec Cette nuit-là, publié aux éditions Slalom, Aurélie Massé nous entraîne dans un roman relatant l’histoire de cinq adolescents : Gabriel, Agathe, Alex, Sarah et enfin Eden. Chacun a ses soucis qu’il exprime à sa manière, mais Eden, lui, se tait. Que peut bien taire Eden ? Une mère aimante, mais tellement submergée par le boulot qu’elle ne voit rien. Un père absent. Un frère fort de son autorité d’aîné. Des gestes déplacés, des gestes « d’amour ». Eden se tait jour après jour, semaine après semaine, mois après mois, année après année. Année ?! Oui, cela dure depuis des années sans que personne n’ait rien vu, n’ait rien su, n’ait rien voulu voir. Comment voir que son ami, qui ne se plaint jamais de rien, subit l’indicible quand il rentre dans l’endroit supposé le plus réconfortant au monde, sa maison. Alors, cette nuit où Eden appelle Gabriel à l’aide pour lui confier cette ignominie, l’univers paisible des cinq amis s’en trouve ébranlé. Comment ce dégueulasse a-t-il pu faire cela ? Je dis « cela » parce que prononcer le mot, c’est le rendre réel et Eden ne le fait jamais tout au long du récit. Cette nuit-là, ils vont la passer ensemble, tous les cinq, à se poser des questions sur la vie, à se souder et tout faire pour qu’Eden se relève de cette épreuve abominable. Ils vont prouver qu’avec les meilleurs amis du monde et le bon entourage, on peut se reconstruire de tout. Dans les moments sombres, la véritable amitié est le seul rempart à la solitude et au désespoir. Un roman à l’écriture d’une subtilité renversante et envoûtante. L’émotion qui transparaît des mots d’Aurélie Massé nous transperce le cœur et vous tirera les larmes. Un roman au sujet sombre et dur, dont l’écriture, lumineuse et époustouflante, est néanmoins porteuse d’espoir.