Charlotte Bousquet

Celle qui venait des plaines


Chronique de Noëmie Kormann

Librairie Le Failler (Rennes)

Une chevauchée sauvage, âpre et émouvante, le destin d’une jeune métisse éprise de justice, la rudesse d’un Ouest américain fantasmé. Celle qui venait des plaines porte tout cela en lui, mais il est surtout une ode à la liberté et à la différence.

Après Là où tombent les anges, magnifique fresque historique et féministe, et Sang-de-lune, roman dystopique glaçant et percutant, Charlotte Bousquet revient dans la collection « Électrogène » avec un texte tout aussi réussi. Cette fois-ci, direction le Dakota, ses plaines et ses herbes hautes. À travers le destin de Winona Winter, métisse lakota et nièce de Crazy Horse, elle nous embarque dans un Ouest américain mythique, peuplé d’Indiens, de cow-boys, de desperados et d’opportunistes. Elle n’omet rien : les massacres de Wounded Knee, les enfants indiens arrachés à leur famille, les missions censées les « désindianiser » et leur faire oublier leur culture et leur langue. Là-bas, le quotidien est fait d’humiliations et de violences, la nourriture est rare et la haine permanente. Le récit alterne entre les souvenirs de Winona et le journal de Virgil Wyatt Monroe, jeune journaliste en quête de vérité et d’une hypothétique vengeance. Leur rencontre va bouleverser la vie du jeune homme et mettre à mal ses certitudes. On y découvre surtout le portrait d’une jeune femme qui, malgré les déracinements et les violences, refuse d’abdiquer et de renier celle qu’elle est. Texte fort et bouleversant, Celle qui venait des plaines est un roman qui se lit d’une traite, un roman coup de poing, de ceux qui nous hantent longtemps. Oppression, domination, peur de l’autre, de sa différence, les thèmes abordés sont vastes et toujours d’actualité. Distillant émotion et vérité, sans jamais tomber dans la facilité, Charlotte Bousquet donne vie à une jeune femme fière et entière, une femme passionnée, avec ses failles et ses faiblesses. Une fresque magistrale !