Richard Harland nous entraîne dans un univers littéraire dit steampunk, dont il situe l’intrigue en 1846 à Brummigham et à Londres. Astor et Verron se trouvent liés par un destin commun. Au cœur d’un complot, ils chercheront à tout prix à retrouver leur dignité et leur place au sein d’une société éclatée.
À l’aube de ses 17 ans, Astor se rend dans la riche demeure de Swale House, aux abords de la ville de Brummigham, en compagnie de sa mère et de son beau-père le maréchal Dorrin, ancien héros de la guerre qui fit rage quelques années plus tôt. Jeune fille de bonne famille, harpiste et pianiste émérite, Astor pense que sa venue sur le domaine des frères Swale est liée à un futur mariage avec Lorrain, le benjamin. Or le destin lui joue un tour. Elle se retrouve soudainement abandonnée par Mrs Dorrin et son mari, que la présence de sa belle-fille dérange et contrarie depuis toujours. Choquée par l’accueil glacial que lui réservent les Swale et irritée par l’attitude du jeune domestique du nom de Verron qui a été chargé de l’accompagner en ce lieu, elle va finalement découvrir que le rôle qui lui est attribué n’est autre que celui de gouvernante. Les Swale sont des ploutocrates, autrement dit de riches industriels ayant fondé leur fortune démentielle sur la fabrication des armes pendant la guerre. Imbus de leurs personnes, ils méprisent les familles d’aristocrates comme les Dorrin. La suffisance avec laquelle ils se comportent plonge Astor dans le tourment, mais la guide, avec une détermination sans faille, vers la liberté. Peu à peu, dans cette première partie du roman qui se déroule à Swale House, Verron et Astor partagent leurs impressions et leurs sentiments sur la situation qu’ils vivent. Même si Verron reste un jeune homme secret et discret quant à son passé, Astor lui accorde sa confiance, ce qui les mènera vers Brummigham et ses bas-fonds à la recherche de la protection d’un gang pour se cacher et se protéger de l’oppresseur. Le riff de la rue, c’est cette combinaison de rythmes et de sons répétitifs qui les amène à partager et vivre la gang music, ou musique des gangs. Soumis à cette épreuve musicale pour être acceptés par le gang de la vieille Granny Rouse, Astor et Verron doivent prouver leur qualité de musiciens et créer un renouveau dans ce genre avec leur groupe, les Rowdies. Granny est persuadée, suite à une vision, que cette nouvelle forme de musique séduira le monde entier. Puisant son inspiration dans sa propre expérience de musicien, Richard Harland fait un clin d’œil à l’avènement du jazz et du rock’n’roll, sujet qu’il évoque à travers ses héros passionnés. Le dénouement de l’histoire aura lieu à Londres. Ces villes sont toujours envahies par le smog, brume épaisse caractéristique de la pollution de l’atmosphère par les grandes industries. Le mélange de fumée et de brouillard qui entrave la visibilité, renforce le sentiment d’enfermement et le danger qui pèse sur les personnages du roman. Dans une course haletante menée à bâtons rompus par des protagonistes hauts en couleur, Richard Harland se sert de la révolution industrielle de l’époque victorienne pour planter un décor rétrofuturiste où les machines à vapeur cèdent tout de même la place au rythme, aux passions les plus extrêmes et dangereuses.