Comment et pourquoi êtes-vous devenue libraire ?

Nathalie Jakobowicz Historienne, après une thèse sur les bancs de la Sorbonne, j’ai écrit sur le XIXe siècle tout en travaillant dans des centres de recherches, des musées ou des bibliothèques. Monter une exposition ou participer à un projet de recherche sur les révolutions me passionnait, mais j’étais arrivée à un moment où l’envie de découvrir un nouveau métier s’est imposée. Étant animée par la passion du livre et la question de la transmission, le métier de libraire m’avait toujours intéressée. Décidée à me lancer dans cette reconversion, la rencontre avec Nicole, responsable de la librairieLe Phare nouvellement créée, fut décisive.

Parlez-nous un peu de votre librairie et de votre équipe.

N. J. La librairie Le Phare est une librairie généraliste du 12e arrondissement de Paris. Nous sommes deux, avec la responsable, Nicole, et l’animons pour en faire un lieu convivial et ouvert sur notre quartier. L’organisation de rencontres autour des auteurs qui nous touchent et d’animations pour la jeunesse nous tient beaucoup à coeur. Je suis d’ailleurs responsable du rayon jeunesse ainsi que du rayon sciences humaines. Nous avons reçu notamment de nombreux historiens passionnants et mis en place des animations jeunesse comme une lecture en langue des signes ou un atelier de coloriage de dessins animés. Depuis le début du confinement, je m’occupe également de l’animation de nos réseaux sociaux, outils de communication devenus essentiels pour partager nos coups de coeur et interagir avec nos clients en ces temps singuliers !

Racontez-nous une anecdote amusante avec un client…

N. J. Il y a deux ans, je reçois un appel à la librairie d’un éditeur me demandant si j’accepterais de recevoir un de ses auteurs qui aimerait beaucoup intervenir dans notre librairie en particulier. Touchée, j’accepte et je découvre qu’il s’agissait de mon directeur de thèse, l’historien Dominique Kalifa, que je n’avais pas revu depuis ma soutenance. Je me suis donc retrouvée, émue, à l’interviewer devant mes clientes et clients « dans mes petits souliers » ! Ce fut un de mes meilleurs souvenirs de rencontres de ces dernières années !

Quel est votre livre fétiche ?

N. J. Mon livre fétiche est Mademoiselle Haas, singulier tant par sa forme que par son contenu. Il est écrit par Michèle Audin, cette formidable écrivaine, mathématicienne, membre de l’Oulipo et passionnée par la Commune de 1871. Ce recueil évoque la vie des femmes au travail pendant les années 1930. Elles possèdent le même patronyme : « Haas », sont coiffeuse, cuisinière, pianiste, sage-femme, vendeuse… et traversent l’entre-deux-guerres avec leurs espoirs, leurs déceptions, leurs douleurs et leurs engagements. Toutes sont «précieuses et uniques », trop souvent omises par l’Histoire, elles sont ici rendues visibles grâce à ce livre. Entremêlant la grande et la petite histoire, celle des femmes et plus intimement la mienne (pour toujours une mademoiselle « Haas »), ce livre est un véritable coup de coeur !