Zhenyuan Guo

On veut du soleil



L'entretien par Juliet Romeo

Librairie La Madeleine (Lyon)

Le soleil est toujours capricieux. Et dans Brille encore, Soleil d’or, les animaux vont essayer de stopper le coucher du soleil. Guo Zhenyuan et Zhu Chengliang réalisent un album d’une douceur et d’une beauté rares. L’illustrateur Zhu Chengliang s’est prêté au jeu des questions lors de sa venue à Paris.

PAGE — Pouvez-vous nous raconter brièvement votre parcours ?
Zhu Chengliang — Je suis né à Shanghai en 1948 et ai grandi à Suzhou. Formé aux beaux-arts de Nanjing à la peinture à l’huile, je suis entré aux éditions des beaux-arts de la province de Jiangsu comme éditeur. Je m’intéressais alors beaucoup au travail de l’un de mes collègues, responsable d’une revue sur l’art populaire des différentes régions de Chine qui valorisait images et objets traditionnels divers (papier découpé, gravure, fresque, etc.). Cette proximité avec ces formes d’art populaire m’a accompagnée dès mes premières créations en illustration jeunesse réalisées dans les années 1980 et jusqu’à mon album Réunis, lauréat du grand prix Feng Zikai, en 2009.

P. — Comment avez-vous travaillé avec Guo Zhenyuan ?
Z. C. — Les discussions ont impliqué l’auteur, l’éditeur (Peace Publishing) et moi-même. Le texte a connu peu de modifications ; nous avons simplement aménagé le début, lorsque le soleil se lève, et l’amorce de l’orage, quand les animaux s’abritent dans la grotte. Après quoi, j’ai été libre dans ma création.

P. — Quelle(s) technique(s) avez-vous utilisée(s) pour les illustrations de cet album ?
Z. C. — Il s’agit de peinture acrylique. Comme l’huile, elle permet de créer des couleurs unies, franches et expressives. C’était d’autant plus pertinent que je me suis inspiré, pour les couleurs et les formes, d’objets laqués de la tradition chinoise. Grâce à l’acrylique et aux couleurs dominantes du livre, – le rouge et l’or –, le lecteur est comme en présence d’une technique ancestrale et intemporelle.

P. — Comment avez-vous choisi les couleurs et les formes qui ornent les différents animaux ?
Z. C. — Elles m’ont été inspirées par des éléments d’art populaire, en particulier des objets laqués et des jouets faits d’argile. Ces couleurs et formes décoratives constituent en effet un langage cohérent auquel les enfants sont sensibles. En les transposant dans mes illustrations, j’invite les jeunes lecteurs à y retrouver la fraîcheur, la naïveté et la simplicité auxquelles ils sont sensibles.

P. — Les animaux présents dans le récit ont-ils une signification particulière en Chine et si c'est le cas, cela a-t-il influencé vos illustrations ?
Z. C. — Si certains de ces animaux appartiennent à la tradition du zodiaque chinois (le buffle et le singe), l’auteur les a surtout choisis parce qu’ils sont bien connus des enfants d’aujourd’hui en dehors de toutes références culturelles. Oiseaux, pandas, kangourous, chats et écureuils sont simplement familiers aux enfants et n’ont pas ici de signification particulière.

P. — Des projets à venir ?
Z. C. — Un projet d’envergure effectivement : je vais prochainement illustrer un album adapté d’un roman de Mo Yan (prix Nobel de littérature) intitulé Grand Vent.

 

À propos du livre

Brille encore, Soleil d’or pourrait être une phrase à répéter chaque jour. Le soleil se lève, la journée passe, l’orage arrive, les animaux se protègent, le soleil revient enfin avant de rapidement entamer sa descente. C’est alors que les animaux vont tout faire pour l’en empêcher. Chacun à leur manière, en utilisant leurs propres caractéristiques. Ils vont s’entraider, essayer chacun quelque chose, car quoi de plus beau que la solidarité dans ce monde. Et en plus d’être un album plein de douceur tant par l’histoire que par les illustrations, Brille encore, Soleil d’or est un magnifique support pour évoquer et faire comprendre aux plus jeunes le cycle du soleil. L’aquarelle et le jeu sur les couleurs donnent aux animaux et aux décors une luminosité particulière qui rend totalement justice à l’art chinois.
 

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