Flore Vesco

Un vaccin contre l’ennui



L'entretien par Céline Bouju

Bibliothèque/Médiathèque La Chapelle-Saint-Aubin (La Chapelle-Saint-Aubin)

Flore Vesco revient avec toute la verve qui a fait le succès de son premier roman, De cape et de mots (Didier Jeunesse, 2015). Suivez ici Louis Pasteur, qui intègre l’Institution royale Saint-Louis. Boursier parmi des privilégiés, il n’a pas l’intention de se laisser distraire dans ses études. Mais c’est sans compter la surprenante Constance et de mystérieux meurtres...

Dans votre premier roman, De cape et de mots, vous nous aviez ravis avec une langue riche et follement amusante. Dans Louis Pasteur contre les Loups-Garous, vous faites un inventaire impressionnant du vocabulaire scientifique. D’où vous vient cette passion pour les mots ?
Flore Vesco — Je crois que cette passion des mots cache un goût pour le travestissement. C’est en quelque sorte un costume que j’endosse. Pour De cape et de mots, il s’agissait de peindre un monde historico-fantaisiste, un palais extravagant avec des courtisans fardés à l’extrême. J’ai pris un plaisir fou à barder le récit de mots inusités, précieux, aux consonances farfelues.
Pour Louis Pasteur contre les Loups-Garous, j’ai revêtu une blouse de chimiste. Pour moi qui ai fait des études littéraires, c’était un déguisement plus difficile à enfiler : j’ai parcouru La Chimie pour les nuls (First éditions) et beaucoup utilisé le dictionnaire. J’espère n’avoir pas trop souvent boutonné ma veste à l’envers... Mais en tout cas, ce nouveau travestissement était aussi amusant. Comment ne pas se délecter de termes comme « oxyhydroxyde » ou « air déphlogistiqué» ?

Votre héros est quelqu’un que tout le monde connaît. Pourquoi avoir choisi Louis Pasteur ? Cela a-t-il compliqué ou facilité l’écriture de ce roman ?
F. V. — Il n’est pas rare de croiser des personnalités historiques dans la fiction, mais ce sont souvent des hommes politiques ou des écrivains. Alors qu’il y a un fort potentiel romanesque dans les figures de scientifiques. Louis Pasteur, notamment, est entouré d’une aura presque légendaire. Par contre, effectivement, il n’a pas été facile de donner vie à mon propre Louis Pasteur. J’ai procédé par expérimentation. J’ai d’abord distillé quelques éléments biographiques. Je les ai mélangés avec des lieux communs : un peu d’héroïsme et de génie. Un précipité est apparu. Au bout de quelques mois, le mélange a cristallisé à l’air libre. Alors, en prenant toutes les précautions nécessaires, j’ai filtré des particules de savant fou et j’ai laissé la solution s’évaporer entre les pages.

Mélange de genres, comment définiriez-vous votre roman ?
F. V. — D’après mes recherches, la composition chimique de Louis Pasteur contre les loups-garous est la suivante :
- une molécule de fantastique, composée d’un atome de steampunk et d’un atome de rétro-futurisme ;
- quelques particules d’humour ;
- une grosse dose d’aventures.

Dernière question, par pure curiosité : pensez-vous à une suite mettant en scène le même héros ou un autre illustre membre de la S.S.S.S.S.S (Société Super Secrète des Savants en Sciences Surnaturelles) ?
F. V. — Oui ! Attendez, il faut que je me compose un air assuré et confiant, afin que personne ne se rende compte que je n’ai pas encore écrit une ligne de la suite… et que mon éditrice ne se doute pas une minute que je suis déjà en retard sur la deadline qu’elle m’a fixée. Voilà. Donc, dis-je, (avec mon air le plus sérieux), il y aura maintes autres aventures de la S.S.S.S.S.S. ! Bien entendu, je ne veux pas tout vous dévoiler, mais la Société devrait bientôt recruter de nouveaux membres. Gustave Eiffel apportera ses talents de métallurgiste et vous vous doutez bien que Marie Curie lui sera une alliée de poids. Et Louis Pasteur, sans tirer toute la couverture à lui, restera dans les parages.

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