Cadence est la première des petits-enfants Sinclair, elle est l’Héritière. Tous les étés, elle retrouve cousins et grands-parents sur leur île privée. De l’été 15, Cadence ne se souvient de rien à cause d’un accident. L’été 17 signe son retour sur l’île, entourée des siens. Retrouvera-t-elle la mémoire ?
Page — Pourquoi avoir imaginé la jeune héritière d’une grande famille américaine comme héroïne ?
E. Lockhart — Dans la culture occidentale, on raconte des histoires de familles royales depuis des siècles… mais sous la forme de contes de fées. La vie des rois, des reines et des princesses nous permet de reproduire les tragédies humaines à grande échelle. Nous les menteurs raconte l’histoire d’une famille que je qualifierais de « famille royale américaine ». Les Sinclair sont riches depuis de nombreuses générations. Ils possèdent une île privée. Le patriarche a eu trois filles, toutes très belles, comme les princesses d’un conte – et elles se sentent rivales entre elles, comme le sont souvent les sœurs dans les contes de fées. Mais aussi dans Le Roi Lear de Shakespeare, par exemple. Je me suis intéressée à un conte qui s’appelle « Comme la viande aime le sel », qui partage beaucoup de points communs avec Le Roi Lear. Mon projet consistait à écrire un conte de ce type, mais raconté du point de vue de l’un des petits-enfants du roi Lear.
Page — Comment vous est venue l’idée de traiter des mécanismes de la mémoire ?
E. L. — Un membre de ma famille a subi un traumatisme crânien et souffert d’amnésie sélective à propos de son accident. Cela signifie que la personne oublie tous les souvenirs liés à une certaine époque ou à un événement précis – mais pour autant, elle ne perd pas complètement la mémoire. J’adore les histoires d’amnésie, même lorsqu’elles sont un peu tirées par les cheveux. C’est un procédé narratif fascinant. Je m’intéresse beaucoup aux livres et aux films avec des héros ou des héroïnes amnésiques.
Page — Le roman est-il inspiré d’un fait réel ?
E. L. — Pas du tout. J’ai tout inventé.