Partez sur les traces d’Ophélie, jeune héroïne attachante dotée de pouvoirs exceptionnels dans un univers original et époustouflant. La jeune femme, promise à Thorn, l’énigmatique intendant du royaume, va devoir affronter un monde inconnu fait de luttes de pouvoir, de trahisons et de faux semblants pour pouvoir s’imposer et vivre librement.
PAGE : Dans votre roman, les personnages évoluent dans un monde totalement original, très visuel, composé de plusieurs arches, avec en point d’orgue, « la citacielle », espèce de forteresse volante dans laquelle tout n’est qu’illusions et faux-semblants. Comment avez-vous imaginé ce monde ? Quelles ont été vos sources d’inspiration pour créer cet univers et ses habitants si particuliers ?
Christelle Dabos : Quand j’étais jeune, j’ai rêvé une fois que la lune avait éclaté en morceaux dans le ciel. Ça m’avait beaucoup impressionnée. Je me demande si le monde fragmenté de La Passe-miroir ne vient pas de là. Ceci étant, je suis visuellement parlant très influencée par les films d’animation japonais de Miyazaki, comme Le Château ambulant, Le Château dans le ciel, Le Voyage de Chihiro, etc. Je suis totalement fascinée par le foisonnement de détails des décors, par l’extrême expressivité des personnages ! Quand j’écris, je me représente souvent les scènes de La Passe-miroir comme si je visionnais mon propre film d’animation. Certains romans pour la jeunesse, que j’ai découverts tardivement, ont aussi marqué mon imaginaire d’une pierre blanche : Harry Potter de J. K. Rowling, À la croisée des mondes de Pullman ou Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll. À côté de cela, je me documente beaucoup sur la vie quotidienne au XIXe siècle (les meubles, les vêtements, les inventions) pour donner un petit cachet Belle Époque à l’ambiance.
PAGE : Le personnage principal, Ophélie est une héroïne maladroite, toujours un peu débraillée, très secrète, mais au final terriblement attachante. Au fur et à mesure de l’histoire, on sent qu’elle s’affirme et fait même preuve d’une volonté de fer. Peut-on parler d’une sorte de quête initiatique dans laquelle serait lancée la jeune femme ?
C. D. : Exactement ! En écrivant les premiers mots de La Passe-miroir, j’avais déjà très à cœur de suivre l’évolution de cette jeune fille vieillie avant l’heure, un peu éteinte, et de la voir se révéler dans l’adversité. Petit à petit, elle va quitter sa posture contemplative et silencieuse pour se mettre en mouvement, s’affirmer, faire ses propres choix, reprendre sa vie en main. Ce parcours initiatique se traduit également sur le plan émotif par un éveil sentimental. Au début de l’histoire, Ophélie est une créature solitaire qui ne crée pas de liens forts avec les autres. En la plongeant dans un monde hostile et peuplé d’ennemis, les rapports de confiance et d’estime mutuels prennent soudain tout leur sens. Bien évidemment, son évolution se poursuivra au cours des tomes suivants !
PAGE : La Passe-miroir est votre premier roman publié aux éditions Gallimard, grâce à un concours lancé il y a environ un an. Dans quelles circonstances avez-vous participé à ce concours ?
C. D. : J’ai l’impression de suivre les traces de mon héroïne. Si ça avait été moi, j’aurais attendu encore longtemps avant de me lancer dans la grande aventure éditoriale. Il est si confortable d’écrire dans l’ombre, de choisir ses propres lecteurs, de ne pas trop s’exposer aux regards. C’est parce que j’ai été poussée par mon compagnon et par les auteurs de Plume d’Argent, une communauté littéraire sur Internet, que je me suis décidée à participer au Concours Premier Roman organisé par Gallimard Jeunesse, Télérama et RTL. J’ai envoyé mon manuscrit la veille de la clôture des candidatures ! Quand j’ai appris que j’étais retenue parmi les trois finalistes, j’ai cru rêver debout. D’ailleurs, maintenant encore, à l’instant où je réponds à cette question, je ne mesure pas encore ce qui m’arrive !
PAGE : À la fin du livre, le suspense est terrible. Sans trop en dévoiler, on se demande comment Ophélie et son fiancé Thorn vont se sortir de la situation inextricable dans laquelle ils se sont fourrés. Le deuxième tome est-il déjà écrit ? Savez-vous déjà comment se finira cette histoire ? Ou vous laissez-vous porter par l’histoire et les personnages ?
C. D. : J’ai écrit un premier jet du deuxième tome et des suivants, mais ce n’est pas publiable tel quel. Je dois tout retravailler de A à Z, comme je l’avais fait pour mon premier tome avant le concours. J’ai énormément improvisé pendant l’écriture et ça se sent : incohérences, cheveux sur la soupe, longueurs, raccourcis et j’en passe. Jusque tout récemment, je n’avais qu’une vague idée du dénouement de la saga et elle n’était pas lumineuse. J’en ai une autre à présent, une qui m’emballe vraiment ! Je suis actuellement en train de mettre sur pied mon « plan de bataille », de façon à savoir très précisément ce vers quoi je me dirige, connaître la composition de chaque tome. L’heure n’est plus à l’improvisation. De toute façon, si j’écoutais mes personnages, l’histoire de La Passe-miroir ne se terminerait jamais.