À l'occasion de la sortie de l'album La Fée aux deux visages aux éditions du Père Castor, l'illustratrice Charlotte Gastaut nous a accordé un entretien. Elle revient sur son parcours en tant qu'illustratrice et nous parle de sa passion pour les contes et la nature, perpétuelle source d'inspiration.
Pourriez-vous nous raconter votre parcours et ce qui vous a amenée à l’illustration ?
Charlotte Gastaut J’ai fait une école d’art graphique à Paris (Penninghen) pendant quatre ans (comme j’étais très motivée et avec de bons résultats, j’ai sauté une année). Mon diplôme en poche, j’ai travaillé quinze jours comme stagiaire graphiste dans une agence de pub. Ce fut un véritable déclic : je ne voulais absolument pas faire ce métier. Je me suis souvenue du pourquoi je m’étais engagée dans cette voie, le dessin, et de mes premières amours, les histoires du soir. Mon unique objectif à partir de ce jour fut de devenir illustratrice. J’ai déposé mon book dans toutes les maisons d’édition et les rédactions de la ville pendant plusieurs années. Pendant ce temps, je travaillais à la piscine d’un hôtel, comme jeune fille au pair, vendeuse, femme de ménage… Puis les premières petites commandes d’illustrations sont arrivées et le premier livre est enfin sorti en 2001. Le deuxième en 2004. Tout s’est ensuite enchaîné.
La Fée aux deux visages paraît cette fin d'année aux éditions du Père Castor. Les contes tiennent une place importante dans votre bibliographie. Quelle place ont-ils dans votre vie ?
C. G. J’ai été élevée avec des parents qui nous lisaient des contes tous les soirs. Une grand-mère suédoise m’a envoûtée avec les légendes scandinaves ! Les contes, leurs images illustrées m’ont nourrie depuis toute petite. Lorsque j’ai commencé ce métier, j’ai voulu donné ma version de ces souvenirs d’enfance et Flammarion m’a accompagnée avec enthousiasme pour La Petite Sirène, Cendrillon, Poucette, Peau d’âne, Les Milles et une nuits et maintenant La Fée aux deux visages.
Lequel de ces contes vous tient-il le plus à cœur ?
C. G. Poucette, je pense. C’est le plus magique, le plus sombre.
Hormis la nature qui occupe une place importante dans votre travail, quelles sont vos sources d’inspiration ?
C. G. Tout ce qui m’a émue dans mon enfance m’inspire. Depuis, je suis sensible à tout : une image, un artiste, un ciel, un photographe, une recette de cuisine, une couleur. Tout me nourrit : je digère et je crée ensuite.
Le monde de la mode a fait appel à votre univers pour des réalisations éblouissantes ! Vous réalisez vous même de magnifiques foulards en soie. Comment cette rencontre avec ce milieu s’est-elle opérée ?
C. G. L’équipe de Fendi est allée dans une librairie à Rome pour chercher de l’inspiration. Ils sont tombés sur un de mes livres, Le Lac des cygnes (en papier découpé) chez Amaterra. Ils m’ont contactée pour que je fasse un dessin original qui devait être adapté à un manteau. La direction artistique et Karl Lagerfeld ont validé mes dessins. (J’en avais fait deux pour être plus sereine). Ils les ont suffisamment aimés pour les décliner sur plusieurs robes et manteaux. C’était incroyable, féerique ! D’ailleurs la collection s’appelait « Legends and fairy tales ». C’était un signe ! Depuis, j’apprends la couture, je fais des foulards et espère un jour faire des robes illustrées. L’objectif ultime !
Une mère méchante et au physique ingrat a deux filles, l'une laide et mauvaise est choyée par elle. L'autre, d'une beauté renversante et d'une grande bonté, est maltraitée. Grâce à une fée, cette dernière se verra attribuer le plus fabuleux des dons! À chaque parole sortiront de sa bouche perles et diamants tandis que la mégère crachera crapauds et vipères. Inspiré du conte Les Fées de Charles Perrault, La Fée aux deux visages nous invite à une réflexion sur les apparences, la bonté et la puissance de la parole. La superbe couverture de cet album attire tout de suite le regard. Le style de Charlotte Gastaut, reconnaissable entre mille, apporte une dimension féerique à ce conte cruel et moral.