Dans cette dystopie forte et puissante qui pousse très loin le curseur de la misandrie, les habitants de Sapientia sont quasi exclusivement des femmes. Pensez donc : les femmes sont au pouvoir et les hommes sont leurs esclaves, réduits à leur seul physique et capacité reproductrice. Mais la révolte gronde.
Où avez-vous trouvé votre inspiration pour Sapientia ? Combien de tomes avez-vous prévu ?
Je me suis beaucoup inspirée de l’antiquité gréco-romaine, notamment au niveau des vêtements, du mode de vie, de l’architecture. C’est une période qui me fascine depuis toujours et j’ai adoré créer un univers sur ces bases. L’Empire des femmes comptera deux tomes.
Comment avez-vous appréhendé la forme chorale de votre roman ? Pourquoi ce choix ?
Le roman choral, c’est un peu ma marque de fabrique. J’avais déjà expérimenté cette forme dans L’Antidote mortel (Didier Jeunesse) et je l’ai reproduite pour L’Empire des femmes. À mes yeux, c’est le meilleur moyen d’entrer dans l’intériorité de plusieurs personnages et de s’attacher vraiment à eux. Surtout quand les personnages ont des objectifs opposés, des secrets et une façon de penser bien différente. Une même histoire a toujours plusieurs versions et j’aime expérimenter les différents points de vue.
Sapientia est riche d’un univers très en lien avec la religion. C’était important pour vous ?
C’était important pour moi de créer un univers où la religion occupe une place centrale. Il fallait que les femmes puissent justifier leur pseudo ascendant sur les hommes. Inverser le péché originel était une bonne façon d’y parvenir, pour moi. Et puis, l’univers gréco-romain s’y prête bien.
La misandrie de votre roman est encore plus forte que la misogynie présente dans notre société. Pourquoi ?
J’avais envie de pousser les inégalités et les injustices à l’extrême et, quelque part, de heurter le lecteur pour le pousser à réfléchir, à réagir. Il m’arrive de déplorer le manque d’engagement de certaines personnes face à une misogynie systémique. Je voulais qu’en lisant le livre, personne ne puisse rester indifférent, homme ou femme.
Quelle est votre routine d'écriture ?
Je n’ai pas vraiment de routine mais je préfère écrire la nuit, quand tout le monde dort et que je peux vraiment entrer dans une bulle. Sinon, j’accompagne souvent mes sessions d’écriture avec du thé.
À propos du livre
Adona vit dans une société matriarcale dans laquelle c’est l’homme qui a commis le péché originel. Sensible à la cause des hommes, elle est outrée de la manière dont son frère jumeau est traité par la société. L’importante cérémonie au cours de laquelle de jeunes femmes choisissent parmi des hommes le géniteur de leur futur enfant va bientôt avoir lieu. Adona ne souhaite pas y participer mais sa mère l’y inscrit. Lorsqu’elle aperçoit un homme atypique au regard vairon, son cœur bat plus vite. Sa mère se fait une joie de le lui acheter. Ce qu’elles ne savent pas, c’est qu’il fait partie d’un groupuscule qui a planifié l’enlèvement d’Adona pour réclamer l’émancipation des hommes. Une critique de la société haletante !