Dans l’ambiance magique des pays de l’Est, suivez Anja et son violon fétiche, issue du milieu aisé viennois, et Piotr et son araignée, issu de la campagne pauvre d’Ukraine. Un duo étonnant et époustouflant qui vous fera frémir et vibrer, au rythme joyeux de leurs dons particuliers. Découvrez les enfants de la Légende !
Propos recueillis par Agathe Mallaisé
Librairie L’Embarcadère (Saint-Nazaire)
Il s’agit de votre premier roman et non des moindres puisque vous nous embarquez dans une trilogie. Quels sont les romans qui vous ont fait rêver quand vous étiez plus jeune ou qui vous ont inspiré ?
Philippe Lechermeier - Sans aucun doute les nombreux romans d’aventure que j’ai lus enfant, en particulier Michel Strogoff, Le Comte de Monte Christo ou, plus tard, Les Mystères de Paris. En m’inspirant de ce découpage en feuilleton et avec l’envie de faire évoluer mes personnages sur la durée, le choix de la trilogie s’est imposé au fur et à mesure de l’écriture dans des chapitres qui s’enchaînent au rythme d’une série.
Vous vous placez d’emblée sous le signe de Lautréamont, alias Isidore Ducasse, avec le titre choisi, renforcé par la citation en exergue du récit. C’est une bonne étoile pour vous ?
P.L. - Lautréamont, ce serait plutôt une étoile noire, le fil invisible qui m’a aidé à tisser ma trame et à relier les différents personnages entre eux. Mais ce qui m’a également inspiré, c’est la sonorité du titre, Maldoror, le mal et l’or liés par une mystérieuse alchimie dont j’ai fait dans mon livre, l’écho lointain d’un monde disparu.
De nombreuses scènes se passent dans des trains et on démarre le roman à la gare de Kiev. On ne peut pas s’empêcher de vous demander si vous l’avez écrit en train ? Ou est-ce une passion de votre enfance ?
P.L. - Même si je n’ai pas écrit Les Enfants de la Légende à bord du Transsibérien, ceux qui me connaissent savent que j’aime écrire en train. Mais si, comme le personnage d’Anja, je suis fasciné par les locomotives à vapeur, c’est l’immense train – véritable ville roulante – sur lequel Trotski sillonnait l’Empire russe pendant la révolution bolchévique qui m’a inspiré avant tout.
Charlotte Gastaut signe l’entrée visuelle dans votre roman. Avez-vous eu votre mot à dire sur la couverture ?
P.L. - Que dire, si ce n’est qu’elle est superbe ? Non, à part quelques ajustements, Charlotte a tout de suite su restituer l’atmosphère mystérieuse du roman. J’aime beaucoup le choix qu’elle a fait de se concentrer sur le personnage le plus énigmatique de la trilogie. Et je me réjouis à l’avance des couvertures qu’elle imaginera pour les tomes suivants.
Plusieurs langages coexistent au fil de l’histoire, y compris celui, secret, des insectes et des animaux, celui de la musique, celui des tatouages, celui des cartes et vous inventez même un alphabet et différents types de codes secrets.
P.L. - Souvent, les enfants s’amusent à inventer des langages neufs, des alphabets extraordinaires et je partage avec eux cette idée qu’on peut décrypter le monde autrement. Dans Maldoror, j’ai imaginé différentes façons de communiquer parce que cela fait partie des ressorts du roman d’aventure et d’espionnage, mais aussi parce cela leur permet de faire parler le monde de façon plus poétique.
Je ne vais pas vous demander de commenter l’actualité mais il se trouve que votre roman se situe en majeur partie en Ukraine et en Russie. Pourquoi avoir choisis ces pays comme toile de fond ?
P.L. - Comme dit Pépina, un des personnages du roman, « le hasard n’est qu’une langue qu’on a oubliée ». Aussi, si j’ai d’abord choisi de situer l’action de mon roman à Vienne, Kiev et Odessa en raison de l’imaginaire qu’ils véhiculent, c’est aussi parce que Maldoror est une histoire de frontières mouvantes, d’empires qui se font et se défont, qui entre en résonance avec des régions aux destins souvent tragiques. Cependant, quand j’ai commencé l’écriture de mon livre, je pensais que ces bouleversements appartenaient résolument au passé.
Les événements actuels qui, par endroits, font écho à ceux que vous imaginez dans votre roman du début du XXe siècle, vont-ils influencer le cours de votre trilogie, bien malgré vous ?
P.L. - Forcément, il y a des similitudes avec la situation actuelle : Maldoror, c’est l’histoire de cinq enfants sur les routes de l’Est face à la fureur des adultes. Mais si les épreuves qu’affrontent les héros de mon livre apporteront des réponses aux lecteurs d’aujourd’hui, elles s’inscrivent dans une trajectoire que j’ai imaginée bien avant cette terrible actualité.
À propos du livre
Maldoror vous embarque dès les premières pages, comme le font les grands romans d’aventure et vous tient en haleine avec ce qu’il faut de suspense, de rencontres improbables et de méchants, très méchants. Mais il n’y a jamais rien de caricatural chez Philippe Lechermeier et les relations entre les personnages sont si subtiles et sincères qu’ils nous deviennent aussitôt attachants et inoubliables. Les Enfants de la Légende n’ont pas fini d’habiter notre imaginaire, ils y entrent avec éclat et fracas dans ce tome 1 et nous avons hâte de les rejoindre bientôt !