Propos recueillis par Aude Marzin
Librairie Jeux, lis, là (Paris 7e)
Imaginez un peu que depuis des décennies, que dis-je, des siècles, on nous mente sur l’existence des méta-humains (vous savez les loups-garous, les vampires, les fées…) ? Eh bien, Adrien Tomas, un initié, a décidé de déchirer le « Voile » et de révéler au grand jour la Vérité ! Et ça décoiffe !
D'où vient votre inspiration ?
A. T. - D’un peu partout, en général. Des films et séries que je visionne, des jeux vidéo auxquels je joue, des romans que je lis, des conversations, des situations, des paysages… Tout peut me donner des idées, qu’il s’agisse d’une scène, d’un décor ou d’un élément de l’intrigue. Dans ce qui est identifiable, pour Les Dossiers du Voile, je pense que je me suis inspiré des polars d’Agatha Christie, des romans de la saga Malaussène de Daniel Pennac et des films Underworld.
Votre intrigue oscille entre thriller et fantasy : quel est votre style préféré ?
A. T. - Difficile de choisir, mais je pense, vu mon parcours, avoir un faible plus prononcé pour l’imaginaire. J’adore la magie, les créatures fantastiques et les parallèles que l’on peut trouver entre le réel et la fiction. J’aime inventer des mondes, certes imaginaires, mais cohérents et crédibles. Après je pense que l’imaginaire dépasse les thrillers et les polars d’une courte tête seulement : j’apprécie énormément les romans à suspens, où l’on s’interroge tout le long sur qui a fait quoi et pourquoi. Au final, je me suis beaucoup amusé à combiner les deux.
Tia est un personnage féminin très puissant mais ne craignez-vous pas qu'elle soit parfois « cliché » ?
A. T. - Pour moi, il n’y a rien de mal à utiliser parfois des clichés. Cela permet notamment d’offrir au lecteur occasionnel un point d’accroche familier, quelque chose qu’il connaît, qu’il a déjà vu passer et qui lui permet de raccrocher facilement les wagons. Ensuite, rien n’empêche de jouer avec les clichés, de les détourner pour ajouter de nouvelles dimensions ou explorer de nouvelles directions. C’est quelque chose que je pense avoir fait avec le personnage de Tia qui démarre comme un cliché de l’héroïne « badass » lambda et évolue en cours de route.
Qu'est-ce qui vous a inspiré la partie fantastique de votre roman ?
A. T. - J’ai eu envie d’imaginer ce qui se passerait si, contrairement à ce qui arrive dans Harry Potter par exemple, les créatures fantastiques, sorciers et dragons ne vivaient pas à part, mais cachés au sein même de la société. À partir de là, je me suis amusé à imaginer des hiérarchies, des conflits, des sanctuaires et des traditions pour tout ce petit monde. Je voulais aussi prendre à contre-pied certains clichés, comme les fées, que j’ai transformées en baronnes de la drogue, ou les trolls, une véritable mafia organisée en clans !
Pourquoi avoir créé ce « Voile » ?
A. T. - Pour justifier de la rupture entre les membres du Voile et le reste de l’humanité qui n’a jamais été connue dans sa globalité pour sa tolérance et son ouverture à la différence. Objectivement, si les créatures fantastiques existaient bel et bien, elles feraient mieux de rester dans l’ombre. C’est aussi un petit rappel que beaucoup de gens, et pas seulement des fées, des vampires et des trolls, doivent se cacher pour exister, simplement parce que certaines sociétés ne sont pas prêtes ou n’ont pas envie de les accepter.
Quel personnage méta-humain rêveriez-vous d'incarner ?
A. T. - Si je pouvais choisir, je pense que je serais un loup-garou. Les lycanthropes sont les incarnations de la nature sauvage, du retour aux sources et, dans le monde du Voile, les principaux protecteurs de l’environnement (au grand dam des vampires). J’adorerais avoir des sens et un corps amélioré une fois par mois, et vivre au grand air pour protéger la nature.
Envisagez-vous de poursuivre les aventures de cette fameuse brigade de régulation ?
A. T. - Cela va évidemment dépendre des retours des lecteurs, des ventes du roman et de l’envie des éditions Fleurus de poursuivre l’aventure. Mais de mon côté, je suis partant ! J’ai déjà d’autres idées d’enquêtes pour Tia, d’autres personnages à introduire, d’autres créatures merveilleuses à intégrer dans le Voile !
À propos du roman
Tia Morcese est une flic hors pair. Sa particularité ? La brigade à laquelle elle appartient (la brigade de régulation) n’a aucune existence officielle. Son rôle, en tant que fille d’Enchanteresse, est de faire en sorte que le « Voile » ne se déchire pas : les mortels ne doivent pas découvrir l’existence des méta-humains qui vivent dans la même ville qu’eux. Et il y a du travail, entre les fées dealeuses de drogues, la guerre atavique entre les loups-garous et les vampires et cette nouvelle organisation, la Croix de Vermeille, qui cherche à les dénoncer ! Tia va être très occupée dans les jours à venir, surtout après l'enlèvement de sa petite sœur.