Trois de ces albums détournent des contes traditionnels, personnages ou situations. Mais leur portée va plus loin en reprenant les enjeux initiatiques de ce genre, qu’il s’adresse à l’enfant ou à l’adulte.
Dans Les Trois (Autres) Petits cochons, les trois cochons sont six et le loup s’y révèle plutôt gentil. L’album nous entraîne bien au-delà d’un jeu littéraire, il parle avant tout d’un monde qui évolue entre technologie et argent avec humour et drôlerie. On peut y voir aussi l’esquisse d’un monde du contrôle et de la surveillance. L’auteure rappelle la place de la nature pour chacun d’entre nous.Le Si Petit Roi a une portée philosophique dont on peut débattre longuement : quelle est la place de la science et du savoir dans notre vie et dans nos sociétés ? L’album, avec ses textes et ses dessins très sobres mais précisément ciselés, nous dit que la connaissance ne doit pas remplacer le fait de prendre le temps de vivre, d’observer et de savourer l’instant. La Grosse Grève est plus léger et humoristique. Il met à distance les personnages de nos contes traditionnels : rois et reines, sorcière, Petit Chaperon Rouge… et permet de revenir sur les mauvaises actions qu’on leur attribue. Au fil des pages, les gentils deviennent désagréables et les méchants ont envie de devenir meilleurs. Est-on toujours figés dans le rôle qu’on nous attribue ou pouvons-nous devenir une personne différente ? Dans La Jeune Fille et le Hibou, de belles aquarelles illustrent ce conte difficile où règne la cruauté : on y tue, on y coupe des mains, on y montre de la jalousie et de la méchanceté au sein d’une même famille. En opposition, des personnages s’y révèlent bons et dévoués, pleins d’amour, de compassion et de refus de vengeance. Ces bons sentiments triomphent à la fin de l’histoire et la violence n’est là que pour souligner la grandeur d’âme de certains personnages contrastant avec la laideur des autres. £ Par