Que l’on soit un débutant ou déjà autonome, partager ses lectures avec un adulte référent ou le narrateur de son roman est important pour l’enfant. Il se crée dans son esprit une connivence qui l’encourage dans son effort, puis qui lui donne l’envie de se lancer seul sur le chemin de la lecture.
Celui qui sait lire oublie facilement les tâtonnements du débutant qu’il a été quand vient le moment d’accompagner un enfant dans la lecture. Pourquoi ne pas en profiter pour partager avec lui ce moment charnière de son existence, l’entrée dans le monde écrit, comme un passage de relais vers une lecture autonome. Si vous tombez sur La Fabuleuse Méthode de lecture du professeur Tagada, ne vous attendez pas à trouver l’un de ces manuels qui occupent le rayon parascolaire : ici, le second degré règne en maître afin de décomplexer parents et enfants au moment de s’exercer à la lecture. En dix leçons sous forme de BD, un duo de personnages farfelus se propose d’ouvrir la voie. Sans nier les phases de découragements, le professeur et son poussin jouent sur la complicité avec les lecteurs qu’ils ne cessent d’interpeller. L’image renforce l’humour permettant non seulement de décrypter le second degré du livre, mais aussi de valoriser le lecteur qui franchit une étape en le comprenant. Autre passage de la vie du débutant, celui des premiers romans. Si le mot peut impressionner, il existe néanmoins des livres adaptés qui, en peu de pages, développent de vraies intrigues. Le principe de la nouvelle collection « Tu lis, je lis » chez Bayard, est de proposer une lecture partagée : tandis qu’un lecteur se charge de la narration, l’apprenti prend en charge les dialogues, lesquels sont indiqués par des pictogrammes représentant le personnage qui parle. La typographie aérée offre un réel confort de lecture, sans oublier un rapport texte/image mettant en valeur l’illustration pour permettre un passage en douceur de l’album au roman. Quant à l’intrigue de Laisse-moi entrer, poulette !, elle n’est pas sans rappeler les contes. Le renard voudrait se faire inviter chez la poule qui a réuni quelques amis de la ferme pour dîner. Si l’animal rusé réussit à entrer, il ne se doute pas que les invités se méfient de lui… tant et si bien qu’ils le chassent. En reprenant des personnages familiers et en adaptant le texte au niveau de l’enfant, la lecture peut se faire dans un cadre rassurant. Pour le jeune lecteur, les images tiennent une place importante. Outre les romans illustrés, on peut également leur proposer des romans graphiques. Ce sont souvent des journaux intimes, forme qui permet l’identification de l’enfant au personnage, suscitant ainsi son adhésion. Dans la nouvelle série de Pakita, Rose-Lou, que publie Nathan, on fait la connaissance d’une héroïne espiègle. Chaque livre ressemble à un carnet, dans lequel est rapportée l’une des nombreuses bêtises du personnage et les punitions qui en découlent. Son défaut majeur est d’être plus prompte à agir qu’à réfléchir, comme lorsqu’elle croit arrêter un voleur en empêchant le vigile de son magasin préféré d’arrêter la vraie coupable. Le charme des livres vient autant de l’impertinence de Rose-Lou, qui écrit ce que l’on voudrait dire en vrai, que des illustrations particulièrement esthétiques. Lecture à deux voix et complicité, le partage est sans nul doute une clé pour donner le goût de lire.
Retrouvez un extrait de Rose-Lou : Ma demi-sœur que j’aime en entier.
Retrouvez un extrait de Rose-Lou : Tout le monde peut se tromper.
Retrouvez un extrait de La Fabuleuse Méthode de lecture du Professeur Tagada.