Jean-Paul Nozière publie deux romans pour adolescents aux ambiances et aux contextes radicalement différents, mais dans lesquels le fil conducteur reste le même : l’enfance, l’adolescence maltraitées par les problèmes et les conflits des adultes. Deux récits d’une force et d’une émotion incroyables.
Le père de Boris vit de trafic d’armes en Afrique. Boris est le seul enfant à vivre dans la base des trafiquants et son père, le colonel Youri Cholokov, finit par accepter qu’il soit mis à l’abri. Lorsqu’il arrive à Camp Paradis, un nom qui à lui seul est une promesse, Boris a 14 ans. Le Camp est tenu par Ma et Pa, un couple qui s’est mis en tête d’accueillir les enfants cabossés par la vie. Boris est le premier des cinq enfants qui y séjourneront plusieurs années. Suivront Victoire, la fillette esclave qui a peur qu’on la touche, Fatouma, la fille soldat, Serge, l’enfant martyr que ses parents veulent protéger, et le petit dernier, Djodjo, qui a vu sa famille mourir de faim sous ses yeux et que la simple idée d’une pénurie de nourriture panique complètement. Tous tentent de reprendre goût à la vie et d’effacer les meurtrissures du passé. Boris, qui, tout jeune, a décidé qu’il serait écrivain, sera la mémoire de ce petit groupe et le témoin de son existence. Protégés par l’amour et la tendresse de Pa et Ma dans cet endroit au milieu de nulle part, les enfants se reconstruisent, réapprennent à vivre et à faire confiance aux autres, aux adultes, jusqu’à ce que la folie des politiques et des hommes de guerre, dans ce pays instable, ne les rattrape et menace ce fragile équilibre. Changement de décor avec Que deviennent les enfants pendant la nuit ?, et retour en France, du côté de Sponge, ville sortie tout droit de l’imagination de l’auteur, où il situe la majorité de ses romans. C’est donc à Sponge, au Val Brûlé plus exactement, charmant hameau de cinq maisons éloignées les unes des autres, que les parents de Bertille, Arthur et Mélinda ont décidé de venir s’installer. Ils y ont acheté une vieille ferme, un ensemble de deux bâtiments dont seuls les murs sont encore debout. Arthur, une fois la grange retapée, compte bien y installer les locaux de sa future agence de détective privé. Bertille, qu’Arthur a embauchée pour les travaux, déterre un crâne humain enfoui sous le sol de la grange depuis pas mal d’années. Pour le père et la fille, cette découverte est un signe du destin qui doit lancer l’agence. Dans le roman, une autre histoire nous est contée, celle d’Anélie et Ylisse, deux enfants rebelles qui vivent sur une île de l’Océan Indien en 1966. Ils sont amis, presque frère et sœur, et ne vont quasiment jamais à l’école. Une association se charge de les prendre en main et les enlève à leurs parents démissionnaires ou trop pauvres. Du foyer d’accueil où ils sont placés sur l’île, ils partiront vers la métropole pour servir de main d’œuvre bon marché dans une région de France où l’on manque de bras. Avec ces deux récits, Jean-Paul Nozière met l’enfance maltraitée au cœur de ses histoires. Qu’il parle des enfants abîmés, détruits par les guerres contemporaines, ou de ceux non moins cabossés, victimes des agissements de l’État français dans ses départements d’outre-mer au cours des années 1960, il trace des portraits touchants, d’un réalisme sans concessions.