À l’heure où petits et grands vont reprendre le chemin de l’école, quatre albums de rentrée nous invitent à pousser la porte de ce lieu où les enfants et les adultes, quelles que soient leurs différences, se retrouvent pour apprendre et vivre ensemble, le temps d’une journée, d’une année. Des ouvrages qui nous offrent un regard à la fois esthétique et sensible sur cette belle institution.
La rentrée est un grand jour pour tous. C’est le moment où les enseignants découvrent leurs élèves et celui où chaque enfant retrouve un copain, une copine, rencontre un camarade qui vient d’une autre école, fait connaissance avec son professeur. Entre impatience et appréhension, ce jour si particulier, que chacun attend, doit être réussi.
Ce regard porté sur le premier jour d’école est le sujet de l’album Hibou-chou, édité chez Little Urban. Hibou-chou et Chouette-maîtresse accueillent leurs nouveaux élèves. Le matin du grand jour, Juno s’est préparée avec soin et « les retrouvailles sont tonitruantes ». La fillette et ses camarades pénètrent ensuite dans leur nouvel univers, conçu comme une « classe flexible », très bien décorée, où chacun trouvera sa place. Hibou-chou présente les différents rituels et les activités que les élèves feront pendant l’année. Le maître laisse ensuite les enfants s’exprimer. Après la récréation, Hibou-chou propose à Juno et ses amis les activités traditionnelles du premier jour : écriture, lecture. Celui-ci suit avec attention le travail : il a confiance, tous vont y arriver ! Lecture d’un album, calcul, poésie... la journée passe très vite et c’est certain, les élèves de cette école reviendront avec joie le lendemain. Ce très bel album aux couleurs chatoyantes et au vocabulaire soutenu donne vraiment envie à tous de rejoindre la classe. Sandra Le Guen et Maurèen Poignonec signent ici leur troisième collaboration. Entre réalisme et fiction, chacun peut se projeter dans le personnage qui lui plaît puisque, comme pour leurs deux premiers albums, les autrices ont choisi de mêler personnages humains et animaux. Le lecteur peut ainsi se mettre à la fois à la place de l’enseignant ou des élèves. À noter que cet ouvrage bien documenté présente une vision très juste de ce premier jour de classe.
C’est quoi l’école ? La plume délicate de Luca Tortolini et les sublimes illustrations de Marco Somà apportent la réponse à la question posée par cet ouvrage des éditions Sarbacane. Les auteurs explorent ce lieu particulier et unique. Là, filles et garçons, avec leurs différentes compétences et aptitudes, se côtoient pour œuvrer au monde de demain. Ainsi chacun, avec sa personnalité, participe à la vie de la classe, « partage ses idées », écoute celles des autres, sous le regard bienveillant de l’enseignant qui aide tous les élèves à apprendre et développer leur créativité. Le droit à l’erreur est accepté, voire accompagné, puisque comme le dit très justement l’auteur : « plus on se trompe, plus on apprend ». L’école est donc un lieu d’ouverture sur le monde où les différentes disciplines nous apportent des connaissances, où toutes les idées nous enrichissent et tous les sentiments nous traversent. Un univers de liberté de penser et de savoir qu’il est important de préserver. Tel est le beau message porté par les auteurs sur cette institution précieuse et pleine d’avenir, où naîtront les différentes vocations qui construiront notre futur. Cet album de belle facture propose un regard optimiste sur l’école, lieu de solidarité et d’apprentissage. Luca Tortolini, à la fois écrivain, scénariste et réalisateur explique « qu’il raconte avec ses paroles, son amour du monde scolaire ». Nul doute qu'il saura le communiquer à ses lecteurs. D’autant que sa première collaboration avec Marco Somà, en France, est une vraie réussite. L’illustrateur, qui a reçu de nombreux prix, magnifie le texte avec ses illustrations « poétiques » qui rappellent l’univers des contes, le tout dans des tons en demi-teintes très douces.
Avec les deux derniers albums, nous changeons complètement de registre et de style. Ces ouvrages, conçus davantage comme des bandes dessinées, permettent d’observer et de se questionner sur ce lieu où depuis des siècles, des enfants de tout âge se retrouvent pour partager un moment ensemble. À la fois espace de liberté mais aussi source de conflits, la cour d’école est un endroit où les élèves doivent apprendre à partager, cohabiter. Avec des couleurs vives, un dessin très stylisé, un ton humoristique, les auteurs pénètrent l’univers enfantin jusque dans l'expression. Ils nous proposent ainsi deux albums qui mettent en avant des moments de récréation, vécus par les mêmes personnages. Dans le premier, les élèves font « la course de la course », comptent en oubliant le 1, se disputent, discutent autour des droits, des règles, de la manière de parler. Finalement, de conflit en conflit, ils en perdent leur premier objectif qui était de jouer à la course. Cet ouvrage paru chez Gallimard Jeunesse est suivi de Trop cool ! qui aborde des thèmes variés tels que la camaraderie, les interdits, les désaccords et les réconciliations. Fidèle à son style fantaisiste, avec des personnages expressifs et un peu excentriques, Noémie Favart, l’illustratrice, met en scène une série de situations qui représentent bien les moments vivants et parfois agités des cours d’école. Quant à l’auteur plus besoin de le présenter ! Vincent Cuvellier, père du très célèbre Émile, a écrit moult ouvrages et reçu de nombreux prix littéraires. Il nous propose ici des dialogues calqués sur la langue enfantine qui amuseront sans doute les jeunes lecteurs.
Ainsi, ces quatre albums présentent tous l’école comme un lieu d’épanouissement et d’apprentissage. Chacun dans un style différent peut être un support de discussion et d’échanges entre enfants et adultes afin d’appréhender la rentrée avec sérénité et enthousiasme.