Jeunesse

Amours, coquillages et lectures d’été



Par Blandine Regreny

Librairie des Halles (Niort)

L’été, pour beaucoup, est synonyme de lecture détente. Que met-on vraiment derrière cette expression ? Des page turners, de la romance ? Pourquoi pas, mais ce qu’on veut, surtout, c’est se laisser surprendre, sortir de notre quotidien de lecteurs !

 

La très attendue Jennifer Niven revient cette année avec L’Été de tous les possibles. La fin d’année approche et Claudine s’apprête à partir sur les routes avec son amie Saz, avant la rentrée universitaire. Mais la séparation de ses parents, brutale, remet tout en question et le sol se dérobe sous ses pieds. La voilà forcée de s’exiler avec sa mère sur une petite île sans réseau. Elle compte bien se réfugier dans les livres, manière de signifier son mal-être, mais le mystérieux Jeremiah la forcera à sortir de sa torpeur, à ouvrir les vannes. Cette histoire d’amour, classique du roman estival, met en avant le désir féminin et s’attache à déconstruire le mythe de la « première fois ». Il poussera les jeunes filles à s’interroger sur leur rapport à leur corps, à mieux le connaître et à le chérir.
Tous les adolescents n’ont pas la chance de profiter de la plage, ni même de s’éloigner des villes. Ainsi, Maëlle, dans Trois Fois l’été, doit prendre possession d’un nouvel appartement avec sa mère, déprimée après un divorce douloureux alors que ses amis ont déserté la ville. Il lui faut une échappatoire qui s’offre à elle sous la forme d’un job d’été au cinéma du coin. Grande cinéphile, lui vient aussi l’idée de lancer une chaîne de courts métrages sur les réseaux sociaux. Son été bascule alors et la voilà, du jour au lendemain, invitée le même soir par trois garçons différents ! Lequel choisir ? Ce sera au lecteur de le dire. À la manière d’un « roman dont vous êtes le héros », Elizabeth Barféty offre trois fins différentes, accompagnées d’une belle réflexion sur la place des réseaux sociaux et la manière de s’accomplir.
Mais s’il y a bien un roman à ne pas manquer, c’est Tempête d’une nuit d’été. Nous plongeant dans le charme du littoral anglais et dans un univers shakespearien, ce roman nous force à questionner la figure du pervers narcissique. Kit Godden vient chambouler l’équilibre d’une famille très unie. Des quatre adolescents frères et sœurs, qui succombera, pour le pire ? Jusqu’à quel point le garçon exercera-t-il son pouvoir de séduction sur les adultes pour cacher ses intentions ? Et surtout, qui est ce quatrième membre de la fratrie, par qui les faits nous sont narrés ? Cette fratrie comprend-elle deux garçons et deux filles, ou bien trois garçons et une fille ? Une question qui reste en suspens, notamment grâce aux talents de traductrice de Clémentine Beauvais. Meg Rosoff avait déjà déstabilisé plus d’un lecteur avec Caribou baby. Elle réitère ici, bousculant nos codes et nos représentations, pour nous sortir de notre zone de confort. Car après tout, connaître le genre du narrateur, cela importe-t-il vraiment ?

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