Ce professeur qui m'a donné envie de faire ce métier par Marie Sabine Roger
Marie Sabine Roger
Auteure
Là, c’est plus facile. J’ai eu deux professeurs de français formidables, en 6e et en 5e.
En 6e, M. Mary était un vieux nounours, qui nous rassurait, nous faisait rire, accordait toute son attention à nos rédactions, et nous lisait toujours à haute voix, avec beaucoup de conviction, des extraits choisis de nos textes. Sans dire nos noms, bien sûr.
Et grâce à lui et à sa voix profonde, nous avions tous l’impression d’être de vrais écrivains.
En 5e, M. Chabert, était un poète qui avait publié plusieurs recueils. Un jour, il a fait venir dans notre classe un de ses élèves, plus grand que nous, pour interpréter une scène de L’Avare, de Molière. Aucun professeur ne faisait ça, à l’époque. En tout cas, pas là où je vivais. On était fascinés, la bouche grande ouverte et les yeux écarquillés devant cet acteur en herbe qui courait dans les travées, fouillait nos pupitres et cherchait sous nos bancs en hurlant : « Au voleur ! Au voleur ! À l’assassin ! Au meurtrier ! Justice, juste ciel ! Je suis perdu, je suis assassiné…
Grâce à lui, grâce à eux, j’ai compris qu’aucune salle au monde ne se limite à quatre murs, dès que quelqu’un y raconte une histoire.
Je sais ce que vous allez me dire : j’aurais pu devenir actrice. Bien sûr.
Mais comme je suis paresseuse - en plus d’être gourmande - je me suis dit qu’être auteure me permettrait de voyager assise (tout en mangeant des crêpes…).
Et c’est exactement ce qui est arrivé.